Créer un site internet

YAKUSHIMA

YAKUSHIMA

Le 05/04/2013

Yakushima ! Un nom qui résonne comme une centrale nucléaire qui s'est un peu fissurée... Tout le monde est adorable avec nous ; très curieux d'approcher un touriste qui navigue, les pêcheurs ne font pas semblant. Et c'est là que nous découvrons Sato que nous surnommerons BOB en référence à l'une de ses deux idoles : Bob Marley et Che Guevarra. Nous apprendrons vite à connaître Bob, le capitaine du port car ce trentenaire d'une gentillesse gênante nous a de suite à la bonne et nous avouera rapidement vouer un culte sans limite au cannabis et à la liberté. En plus, il est le seul à parler anglais ayant passé un an en Australie. Bien évidemment, il ne porte pas les américains dans son cœur et fera tout son possible pour nous rendre le séjour le plus génial possible ; et génial il l'a été ! Quel contraste avec Amami, plus tournée vers le tourisme japonais et ses plages que cette île de Yakushima tellement authentique. En ce qui me concerne, c'est cela que j'attendais principalement de tout ce voyage : les îles sud du japon et parmi elle, une comme celle là !

Notre patron de pêche remorqueur, le chef, s'est avéré être un ponte du coin. Il nous a proposé de nous prêter une des ses voitures ; il en aurait, d'après Bob, cinq ou six mais pas de montre au poignet ! Par deux fois, il nous fait faux bond au rendez vous. Qu'à cela ne tienne : Bob est gêné pour nous alors Bob nous prêtera sa voiture ! Mais avant, en cette première journée, je tiens à remettre notre bateau d'aplomb et m'emploie une grande partie de la journée à pomper 460 litres du gas oil restant et sans doute contaminé par un peu, mais de toutes façons, trop d'eau de mer que le mécanicien acceptera d'évacuer avec son petit camion. Ensemble nous réparerons les deux moteurs, refaisant exactement les mêmes manipulations que celles déjà effectuées en mer mais qui là ... aboutiront.

Une île ronde de 20 kms de diamètre nous apporte une route côtière dont je laisserai aux mathématiciens le soin de calculer la longueur. Pour les plus faibles d'entre eux, je donnerai un premier indice en précisant que c'est trop pour le faire à vélo en une journée surtout en tenant compte des dénivelés et juste ce qu'il faut pour une belle ballade en voiture. Pour les encore moins bons, si on multiplie 20 X 3,14, le mini van commence son voyage de 62,800 kms par l'ouest et nous atteignons rapidement une chute d'eau magnifique. Au Japon, elles sont légion, mais celle ci reste très cotée. Quelques kilomètres après ce premier arrêt, je freine stupéfait, découvrant devant nous quelques biches et cerfs sur le bas côté de la route que nous photographions à moins de cinq mètres. Plus loin, nouveau freinage car, dans un arbre qui borde cette toute petite route, un couple de singes, (oui, des singes!) ne semble pas du tout affolé par notre véhicule...ni par nos trois personnes qui sont descendues pour venir vers eux. Et ce ne sont pas deux, mais 10 ou quinze macaques qui nous observent à 3 mètres de distance sans sembler craindre le moindre de nos gestes. Sur la même photographie, nous aurons même 5 singes au sol devant une très jolie biche qui nous observe, tout cela dans un champ de vision ne dépassant pas les vingt mètres de profondeur. Il ne s'agit aucunement d'un parc animalier, ni même d'une réserve, juste d'une île où tout être vit apparemment en harmonie. Durant encore une vingtaine de kilomètres, ce ne sera qu'une succession de rencontres avec des nos amis les singes ; d'une décontraction désopilante, ils iront même à s'épouiller à trente centimètres de notre roue avant, permettant ainsi à Mireille de quasiment les toucher en ayant juste baissé sa fenêtre. Les cerfs ne seront pas de reste et nous laisseront tranquillement sinon les caresser au moins les photographier de très très près en prenant la pose.

Le tour de Yakushima est bientôt terminé. Nous arriverons un mois trop tôt pour observer l'éclosion des œufs de tortues marines sur les plages mais traverserons quelques petits villages ayant su garder leur authenticité de par leurs architecture et art de vivre. Les maisons sont petites, très serrées ; les cimetières toujours bien exposés face à la mer et couverts de grands caveaux de marbre gris. Comme à notre habitude, nous nous rendrons au bureau du « tourism office », bureau où, comme d'habitude, nous ne tirerons pas grands renseignements sinon des cartes routières, le personnel ne parlant que, comme d'habitude, trop rarement une langue étrangère...

Nous avons réservé une partie de notre après-midi à un « Onsen ». Un Onsen est un bain chaud naturel dû aux terres volcaniques et Yakushima demeure réputée pour cette pratique, généralisé à tout le Japon, certes, mais ô combien fameux ici. Dans la partie sud de l'île, nous avons le choix entre les endroits : un Onsen naturel en bord de mer ou l'eau jaillit du sable de la plage et où nous pouvons tranquillement nous ébouillanter à marée basse ou un Onsen fermé. Ayant déjà pratiqué en Nouvelle Zélande ces bains à marée basse, nous choisirons le plus traditionnel, celui où ne va aucun touriste même japonais : le Onoaïda Onsen. La seconde raison de ce choix est que le premier oblige aussi tous les adeptes de la baignade de bord de mer à être entièrement nus et mixtes...

Le Onoaïda Onsen du nom du village qui l'abrite, est un tout petit établissement dont l'origine remonte à la nuit des temps. Nous savons qu'il faudra s'y baigner nus dans deux bains différents, hommes et femmes séparés. Entrée commune et nous laissons nos chaussures à l'entrée, nous acquittons des 200 yens (1,80 euros) par personne et entrons chacun dans notre vestiaire commun, femmes à gauche et moi à droite. Cette petite pièce est visiblement ancienne et ne comprend que le strict minimum : un grand banc accolé au mur, des paniers afin d'y glisser ses vêtements, une glace et un pèse personnes. Sur le mur, de nombreux rappels (en total japonais) sur les règles à respecter dans les Onsen. Heureusement pour moi, une petite bande dessinée dont sont toujours très friands les japonais est placardée et je comprend qu'il importe de se laver avant de se baigner, de bien se savonner, de ne pas éclabousser, d'être tout nu, de ne pas mouiller sa serviette dans le bain chaud si on en possède une et de tout ranger avant de partir.

Devant moi, un vieux monsieur paraît surpris de voir un bon caucasien se mettre rapidement dans la même tenue que lui et celle d'Adam mais feint de n'avoir rien remarqué. Il en est de même, dans la pièce du bain de mes cinq autres compagnons qui resteront stoïquement à effectuer leurs ablutions sans aucun bruit ni parole échangée. Un silence de mort ! Dans la pièce à côté, les femmes ne cessent de piailler dans une ambiance décontractée. Sont-ce les présences de Mireille et Ambre dans leur bain ou est-ce naturel ? « Certainement habituel », me répondirent-elles en sortant. A gauche, le bain, petite piscine de quatre vingt centimètres de profondeur et de 5 mètres sur deux. Un mur sépare celui des femmes mais deux petits passages permettent la communication de l'eau entre les bains ( l'eau, mais pas la vue!). A droite, des robinets d'eau chaude et d'eau froide, des petits tabourets en plastique et des cuvettes empilées retournées sur une étagère. A même le carrelage, trois hommes plutôt âgés, accroupis, se savonnent sans vergogne, se lavent les cheveux pendant que les deux autres trempent assis sur un petit rebord immergé de béton. Le temps que j'entame moi aussi mon lavage corporel, certains descendent à l'eau et d'autres en ressortent. Ce sera finalement le passe temps favori : pendant une heure ou deux, on trempe sans bouger et on sort pour se laver. Si avec çà, on est pas propre !!! Je demeure particulièrement impressionné par un quadragénaire bien mûr qui donnait l'impression de faire son unique décrassage annuel tellement il y mettait de sérieux et de frénésie : si au moment du lavage de ses dents, il n'est pas resté quinze bonnes minutes à frotter sa dentition d'une fougue sans nom, je mentirais. Au tour des pieds, ce fut vingt autres nécessaires à gratter dans des positions où le néophyte que je suis ne pouvais s'empêcher de se marrer intérieurement. Toujours accroupi et de dos, il se contorsionnait nous offrant des vues panoramiques de son anatomie à moins de 3 mètres des baigneurs. Je suis propre ! Tout le monde a bien observé sans que cela ne paraisse que je respectais bien tous les concepts et préceptes de leurs traditions ; à moi le p'tit bain : La Vache ! Il est bouillant ! On y va quand même : 43 degrés !!! Tu m'étonnes qu'ils n'y restent que de rares minutes tous les quarts d'heure... Moi, je me suis efforcé à faire le contraire, manquant totalement d'inspiration pour me mettre en spectacle sur le carrelage et surtout... que l'observation de mes congénères nippons m'intéresse ! Déjà, à l'entrée du Onsen, j'avais facilement remarqué que mes chaussures étaient nettement plus grandes que toutes celles laissées là au sol. Eh bien, une fois tout nus, cette différence était absolument la même entre nous. Jugez plutôt : je chausse du 46 et la plus grande pointure dépassait à peine le 40... Quoiqu'il en soit, je n'ai aucunement déçu mon pays dans cette infime partie du monde et l'honneur de la France était porté bien haut ! Incroyable : après une quinzaine d'années passées dans des douches communes (mais non, je n'étais pas en prison...), je n'avais jamais vu 100% d'êtres aussi diminués. Bon, l'eau froide a bien des vertus qui rapetissent mais 43 ° Celsius quand même !!! Il est vrai aussi que c'est la première fois que je me trouve au milieu de purs japonais. L'avantage est que là au moins, vous pouvez laisser tomber la savonnette, tranquille ! Les filles, à leur sortie, me confieront que, comme je n'ai pu que l'observer chez les hommes, les femmes sont imberbes de partout sauf de leurs sexes où là, justement, la nature a appuyé tous ses efforts !

Nous nous retrouvons tous les trois à la sortie du Onsen et nous racontons nos aventures réciproques. Chez les femmes, il y eût au départ comme un petit froid dans l'ambiance quand Mireille, de façon très décontractée, s'est mise à piocher dans un petit panier afin de choisir le shampoing qui pouvait lui convenir croyant naturellement que ledit panier était à la disposition de chacun offerte par la Direction de l'établissement. Ce que c'est que les habitudes de luxe ...En fait, il s'agissait des shampoings et savons liquides privatifs posés là par les baigneuses. De voir arriver mes deux monstres dont ma géante de fille blonde débarquer dans leur Onsen et commencer à piquer leur savon a eu de quoi secouer un peu les pt'ites dames du coin . Heureusement, cette maladresse a vite été oubliée et elles n'ont eu de cesse, avec le sourire, de leur apporter maints conseils dans le bain. L'une d'entre elle offrira même à Mireille sa mandarine avant que nous ne nous engouffrions dans le mini van pour rentrer au bateau.

Bob est toujours là à 17h30. Avec le plus grand sérieux, il tient à nous apporter l'info que les pêcheurs lui ont demandé de nous transmettre : il faut absolument partir dès demain matin pour Nagasaki car dès le surlendemain, une mini-tempête arrive du nord, tempête qui devrait durer. Nous vérifions ces dires sur son ordinateur et le remercions à nouveau chaleureusement. Rapidement, nous lui remettons une bonne bouteille de bordeaux millésimé caché dans nos cales, deux petits paquets de café de notre production calédonienne et le couvrons de chaleureux remerciements. Lui aussi tient à nous remercier par des cadeaux et nous offre deux paquets congelés d'exocets. Si il y a un poisson qui n'a pas bonne réputation culinaire parmi les marins français, c'est bien le poisson volant ! Les voyageurs en catamaran en découvrent souvent comme nous dans leur trampoline et les remettent à l'eau encore vivants ou déjà séchés au soleil. (Déjà, il ne faut pas avoir de pot pour tomber en planant dans le seuls 5 m2 de filets à plat de ces mers immenses). Bob, lui, nous affirme que ce met est excellent et une spécialité culinaire du Japon. Nous le goûterons plus tard au barbecue et verrons bien... Pour l'heure, il nous faut nous préparer car demain matin à 8 heures, direction Nagasaki.

01-1.jpg

En second plan, les récifs sur lesquels nous avons marqué une pose...à quelques encablures du port de Kurio...

02-1.jpg

Remorquage à couple du "Turtle 3" et entrée dans le port.

03-1.jpg

Vue du port de Kurio; du béton, encore du béton et des protections métalliques coupe-vent.

04-1.jpg

Gwen Ha Du à quai de Kurio.

05-2.jpg

Transfert de nos 260 litres de gasoil à jeter dans des fûts avec mon nouveau pote mécanicien.

06-2.jpg

Au Japon, de très nombreux points de chargement pour voitures électriques.4 sur cette petite ile de 20 km de diamètre.

07-2.jpg

Chargement express en watts...

08-1.jpg

Un couple de très jeunes amoureux en vacances posent devant cette cascade de 88 mètres...

09-1.jpg

Sans être aucunement avertis de leur présence sur l'île, nous apercevons nos premiers singes en bord de route...une surprise!

10-8.jpg

Sur le même plan, des singes et une biche qui nous observent sans aucun affolement.

11-7.jpg

Confirmation bien plus tard sur la route de la présence de nos amis primates.

12-7.jpg

A cinq mètres de nous, ce Monsieur n'a jamais voulu se tourner malgré tous nos efforts. Trop de pudeur sans doute...

13-7.jpg

Un faon en bord de route parmi des dizaines et dizaines de congénères.

14-7.jpg
Ce macaque nous a beaucoup amusé par son détachement total à notre présence. Il passait son temps à regarder à gauche et à droite sans vouloir visiblement nous faire l'honneur d'un vrai regard...
15-5.jpg

Imperturbables, le bruit du moteur ne dérange visiblement personne !

16-4.jpg

...et ceux là nous plus...Il a quasiment fallu slalomer pour continuer notre chemin.

18-2.jpg

A 50 cms de la roue avant gauche, Mireille prend cette photo fenêtre ouverte. Maman continue à épouiller bébé qui est aux anges...

19-2.jpg

Arrivée devant le Onsen d'Onoaïda. Très traditionnel et ancien, il est surtout fréquenté par les vieux du village.

20-1.jpg

Vestiaire homme.

21-1.jpg

Autre vue du vestiaire homme avec, à gauche, les explications "des interdits".

22-1.jpg

Des explications "d'interdits" du Onsen heureusement en anglais et en dessins...

23-1.jpg

Bain à 43 °Celsius... Inutile de dire que l'on n'y reste pas des heures...

24-1.jpg

Une fresque au mur représentant la région de cette ile et des scènes de combat.

25-1.jpg

Au mur, des robinets: eau chaude ou froide, aucune inscription ou marque. Il faut deviner...ou connaitre.

26-1.jpg

En haut, des cuvettes pour se laver: on les remplit puis on s'asperge. En bas, des tabourets rarements utilisés, les gens semblant préférer s'asseoir à même le carrelage...

27-1.jpg

et enfin...notre premier cerisier en fleurs. La floraison commence maintenant et va remonter géographiquement au Japon, tout comme nous d'ailleurs...

Commentaires

  • TREM

    1 TREM Le 09/05/2013

    Si l’aventure à Yakushima est intéressante, force est de constater que ce qui nous marquera le plus est ton ablution dans le Onsen. Ce que j'aurai aimé être à ta place et avoir enfin la plus grosse du groupe!
    En tous cas ça nous fait une nouvelle adresse sympa si on veut voyager au Japon!
    A très vite!

    Trem
  • Paulette et Michel

    2 Paulette et Michel Le 08/04/2013

    Avons fait bonne lecture de vos longs messages,
    heureusement, nous sommes en retraite !!!
    Si c'est par souci d'économie que vous avez "rallongé le gasoil avec de l'eau", c'est raté !!! avons apprécié vos étonnates photos. Bisous à vous 3, peut-être êstes-vous 4 maintenant.
  • Jean Luc

    3 Jean Luc Le 07/04/2013

    Alors comme ça tu imposes le silence et tu fais peur juste en arborant tes avantages ?
    Peut être que maitenant ils imposent des mensurations minimum lol
    Pas cape de faire ça à wagadoudou.

    See you
    J luc seulement
  • Aline GUEMAS

    4 Aline GUEMAS Le 06/04/2013

    Onsen???? On sent quoi dans ce genre de bain??????Descriptions toujours aussi...vivantes...On imagine très bien les situations de chacun......Bonne continuation...et si vous voyez encore des containers à mon nom...pensez à moi.....Bizzzzz à toute la troupe

Ajouter un commentaire

Anti-spam