Kushiro, le 02 juin 2013,
Ce faux départ n'a pas du tout entamé le moral de l'équipage et puis nous avons quand même fait près de 250 milles à déduire des 1550 prévus. Nous allons donc en profiter en réservant le jour même une voiture pour le lendemain et vadrouiller durant deux jours un peu plus au nord. Le bateau
est sécurisé malgré les marées et les courants de cette sortie de rivière dans le port ; côté vols, on peut être sûrs de n'avoir rien à craindre au
Japon (ce que c'est reposant...). Un petit tour au onsen s'impose avant, histoire de bien se réchauffer. Le bateau a bien une douche chaude mais la
quantité d'eau reste tout de même limitée au nettoyage et est banni dans cet exercice le plaisir de sentir la chaleur durant de longues minutes.
Dans ce grand hôtel, il est super classe ! Bains intérieurs, saunas, terrasses extérieures avec lits de marbre dans la brume, douches
irréprochables, enfin que du bonheur pour des marins qui cherchent à la fois la propreté et la chaleur. La nuit sera calme et les deux jours qui
vont suivre très riches en découvertes.
Seulement 01h30 pour rejoindre le premier lac que l'on dit splendide et le mot est réellement bien en en deçà de la réalité. Epoustouflant reste celui
qui désigne le mieux « Mashu-ko »: imaginez vue d'en haut, un immense cratère de volcan empli d'eau d'une clarté incroyable dans laquelle se
reflètent des sommets enneigés et des abords magnifiques. Au centre émerge un îlot d'un brouillard qui couvre par endroits lesdits reflets... Rien
pour ternir ce superbe moment hormis qu'en me stationnant, j'ai touché, que dis-je effleuré un trottoir très haut en béton bien rugueux et il y a
quelque traces de griffures à ajouter à celles existantes au même endroit et répertoriées dans le contrat de location. J'ai sous estimé la longueur
de mon « pot de yaourt » et la hauteur du trottoir... Bah ! on verra bien en rentrant mais cela se voit à peine.
Un peu plus loin, nous nous rendons au pied du « Io-zan » (mont souffré) qui culmine seulement à 512 mètres mais qui reste un miracle de la
géothermie. Nous avons déjà vu des endroits semblables, notamment dans l'île nord de la Nouvelle Zélande mais on dirait que de façon incroyable, toute les fureurs du centre de la terre se sont données rendez vous sur cet hectare de surface jaune souffre et aux eaux bouillantes. Un autre lac, le « Kussharo-ko », le plus grand de l'île du nord avec ses 52 kms de circonférence est tout aussi splendide que ses voisins mais possède lui, la
particularité d'avoir sa plage de sable chaud. En effet, il suffit de creuser 10 cm et le sable chauffé par la géothermie du sous-sol procure une eau très chaude qui se « noie » dans la fraîcheur de cette immense étendue.
Cela laisse un paysage en hiver assez époustouflant où une glace épaisse recouvre le lac sauf les bords immédiats où se concentrent les cygnes et des gens qui sont culs dans l'eau dans des trous creusés à la pelle à 1m du rivage...
Sur la route, un panneau attire notre attention car une piste de ski est ouverte et nous y sommes cordialement invités... Le taux d'enneigement est si peu élevé en cette saison qu'il ne peut s'agir que de ski sur herbe et
nous avions raison : une superbe piste en plastique est devant nous et aussi rapidement, nous louons une paire de skis à roulettes , des
protections aux fesses, coudes et genoux pour nous retrouver...collés à un moniteur qui, bien que nous donnant de précieux conseils en japonais au
départ, ne voudra jamais que l'on monte plus haut en tire fesses que ce qu'il ne nous y autorisait. Bon...deux ou trois fois, on a fait comme si on
ne comprenait pas bien pour monter tout en haut... Quasiment seuls sur la piste,nous nous amuserons quand même beaucoup découvrant une activité que
nous n'avions jamais pratiqué auparavant.
Plus loin encore, nous arriverons à Akan et passerons la nuit dans un ryokan familial (qui possède son propre petit onsen) à dormir à même les tatamis tressés sur des petits matelas dépliés. Auparavant, nous aurons
visité un village d'Aïnous, des indigènes repoussés sur l'île d'Hokaïdo au IX ème siècle. Au physique plus indiens d'amérique, qu'inouïts ou sibériens, ce peuple ressemble étrangement à des apaches. Il possède des totems, parfois une plume dans les cheveux et il représente le véritable peuple originel du Honshu, toujours repoussé par les descendants des japonais. Sa peau est claire et les cheveux souvent ondulés. Le métissage fait qu'il reste peu de vrais aïnous mais, comme dans beaucoup d'endroits au monde, cette peuplade recensée à 24 000 habitants (mais dont seulement 200 sont issus des 4 grands parents aïnous...) essaie maintenant de se faire mieux reconnaître à travers ses qualités artistiques du travail du bois, du textile extrêmement coloré et ses épopées chantées. Leur animal fétiche est l'ours et de nombreuses photos les montrent accompagnés d'oursons bien que ledit plantigrade représente également son apport principal de nourriture. Dans les forêts avoisinantes, il est conseillé de toujours se promener avec une cloche afin de se faire connaître de la bête en question souvent bien agressive... A l'instar de « Fukushima », mieux vaut ne pas trop compter sur les autorités nippones pour rendre publiques les chiffres d'accidents... Nous n'aurons pas le temps de nous promener en forêt...ni d'ailleurs bien observer le lac d'Akan qui possède une chose unique au monde : il produit une multitude de boules de mini algues qui s'enroulent sur elles-mêmes mettant jusqu'à 200 ans pour se former avant de s'échouer sur les rives. Dimanche soir, retour à Kushiro ; je dépose bagages et équipe au bateau, refait le plein (1,40 euros le litre d'essence) et rend le véhicule.
Enfin quand j'écris « rend le véhicule », il vaudrait plutôt lire « commence l'histoire de la voiture ». Par honnêteté, je montre les quelques griffures en bas de caisse avant occasionnées par ma maladresse.
Etant donné que j'ai pris une bonne assurance pour cela, il ne devrait pas y avoir grosse difficulté... Mais que nenni ! Nous sommes au Japon : dans un anglais approximatif, l'employée me fait relire en japonais que dans le contrat, je dois me rendre en cas d'accident dans un bureau de police afin de faire constater les dégâts. Evidemment que je ne le savais pas ne comprenant absolument pas le nippon mais je lui mens pour couper court en lui disant que cela vient de m'arriver à l'instant devant le bateau. Cela ne change rien, elle me demande de me rendre à un bureau de police pas loin. Je lui dis qu'il y a peu de chance que le fonctionnaire ne parle anglais et elle accepte de m'y accompagner avec la voiture. Petit bureau de quartier où se prélasse un jeune policier. Etant donné le taux de criminalité quasi nul au Japon, on observe immédiatement qu'il ne fait pas grand chose de ses journées mais bon : il est là ! Nous passerons 1 heure entre son bureau et la voiture à photographier... Il parle un peu anglais.
D'un ridicule administratif difficilement traduisible tellement il demeure insupportable de manque d'efficacité, il prendra une quantité de notes invraisemblables, mes seules interventions étant par deux fois d'expliquer qu'il fallait cesser de parler d'accident quand il s'agit d'une griffure sur la carrosserie. Bien que je lui ai évidemment répondu que personne n'était blessé (...sic!), il m'a obligé à l'accompagner dans sa voiture de police -avec girophare en action!- jusqu'au bateau pour que je lui présente ma famille et ainsi prouver que personne n'était blessé... Mais auparavant, assis dans sa voiture et moi à l'arrière, il doit enfiler ses gants blancs comme tout fonctionnaire au volant. Cà prend encore un temps fou tellement il est mou et méticuleux ... Et on recommence les contrôles d'identité (bien que j'ai passé un temps fou à tout déclarer déjà en arrivant à Kushiro aux douanes, à l'immigration et aux garde côtes) et les photographies de nos passeports et les interminables notes... Visite et photo du lieu inventé par moi de l'accident ...(dans le pays du béton de béton, il n'a pas été bien difficile d'en trouver un peu...) Encore 1 heure puis nous repartons dans son panier à salade miniature pour qu'il rende compte à son chef au commissariat central, et en présence du délinquant votre serviteur, de tout ce qu'il vient de faire. Avant dernière étape : il doit me raccompagner à l'agence de location et assistera bien dépité à mon premier éclat de voix (et elle porte!) depuis que je suis au Japon où l'employée me demande 200 euros de franchise ! Dans mon anglais empressé où je lui explique que si c'était pour me faire payer d'abord une assurance fort chère qui devait prendre verbalement tous les sinistres en cours, me faire passer 2 heures trente avec un policier comme si j'étais un criminel et me réclamer 200 euros pour la réparation d'une griffure qui de plus, se superposait à une autre plus ancienne et qui ne devait pas dépasser 50 euros, bravo ! quelle efficacité !!! Et là j'ai de suite compris que j'aurai pu traiter tout le monde d'incompétent, d'abruti et autres noms d'oiseaux, ce n'était pas bien grave mais vouloir déroger à des règles administratives et donc à mes devoirs me ferait passer de délinquant à grand bandit et tout cela, seulement dans leurs regards... En fait, je me suis juste fait du bien après deux heures trente de frustration, j'ai payé et suis sorti « la queue entre les jambes »... comme un bon français gueulard. Le résultat est quand même qu'ils ne savaient plus où se mettre n'ayant sans doute jamais vu quelqu'un hausser le ton... - De façon toujours réglementaire, le policier a dû me raccompagner au bateau toujours
avec son p...de girophare et, se confondant en des milliards d'excuses, il m'a vu descendre de sa bagnole à un feu avant d'arriver au bateau après que je lui ai bien fait comprendre que durant deux heure trente qu'il avait
fermé son bureau de police, il y avait certainement bien des gens frustrés de ne pouvoir recourir à ses précieux services en trouvant malheureusement
porte close. Bien qu'honoré de tant d'intérêt, je préférai poursuivre la route à pied afin de ne pas continuer par ma faute à gêner tous ces
gens....
Allez, on oublie et ce soir, ce sera Barbecue partie dans un restaurant sous tente qui propose de choisir ses brochettes ou steaks, crustacés et
coquillages et de les griller nous mêmes autour de braise au feu de bois.
Le résultat est succulent mais c'est sûr ! Demain, après quelques bricoles sur le bateau , il nous faudra retourner au onsen pour enlever cette odeur
de grillade avant notre départ à 14 heures. Un fenêtre vient de s'ouvrir et nous allons nous y engouffrer....
Ajouter un commentaire