SADO Shima le 17 mai 2013
Sado... L'île où tout marin “maso” se doit d'aller (“Sado-maso” pour les moins réveillés). Ici, les vents sont très changeants, la météo plutôt capricieuse, les amplitudes thermiques redoutables et les courants incontournables. Bref, de quoi se régaler à la barre! Partis en fin d'après midi de Oki, j'avais calculé effectuer ma première journée de navigation de façon très rapide et celle à suivre...on ferait bien comme on pourra! Plus de 7,5 noeuds de moyenne sur nos premières 24 heures: parfait! Jérémy, notre nouveau compagnon, a ainsi pu s'entraîner au pilotage par vent arrière et il a bien transpiré. De la 25ème à la 45ème, nous sommes passés par toutes les phases de vent occasionnant à votre serviteur une nuit quasiment blanche à aider les 3 camarades lors de leurs quarts respectifs. Au tout petit jour, nous découvrons une incroyable étendue de filets de pêche à franchir, véritable nasse au sens propre du terme où il ne fait pas bien bon être poisson. Sur au moins 500 mètres de long, ce ne sont que bouées et drapeaux. Heureusement, le brouillard s'est un peu levé mais Mireille à la barre, je me suis porté à la proue afin de la guider. Quoi qu'il en soit, nous arrivons à Sado, côte est, dans un port bien protégé et retrouvons avec grand plaisir Sophie et Alain, nos amis de “Patago” quittés aux Philippines et qui ont la même destination que nous vers l'Alaska. Eux sont arrivés il y a seulement 3 heures et ont autant, sinon plus, galérés que nous lors de ce trajet. Formalités administratives courantes et plutôt rapides pour une fois. En une petite heure, nous sommes libres de vaquer. Découverte rapide de la petite ville à bicyclettes et une première nuit au sommeil réparateur bien méritée car de plus, il fait froid, très froid: devant le bateau se dressent les montagnes et à leur sommet, nous découvrons nos premières neiges. Cà y est: nous sommes dans le nord!
Le lendemain, nous avons loué une voiture et sommes partis à la découverte des montagnes. Contrairement à la veille, le soleil est au très beau fixe et notre petite voiture peine à monter les 1145 m d'altitude. Sur le bas côté, quelques étendues de neige encore bien présentes en cette mi mai occasionnent, bien évidemment, quelques jets de boules. Par deux fois, nous nous arrêtons tellement notre voiture fume et l'odeur de brûlé de cette voiture automatique commençe à bien nous inquiéter jusqu'à ce que nous arrivions à notre première étape: la visite de deux mines d'or: la première, dont le tunnel long d'environ 400 mètres est animé de robots à la taille humaine, magnifique reconstruction de l'incroyable travail du 17 ème siècle. Au début, des japonais y travaillaient, mais ils furent rapidement remplacés par tout étranger au Japon en situation irrégulière qui se voyait automatiquement exilé dans les mines d'or et d'argent de Sado. Travail harassant mais aux techniques ô combien intelligentes quant aux pompages de l'eau et le remplacement de l'air vicié. La visite du musée qui suit nous passionne. De très nombreuses maquettes marquent des scènes de vie nous amenant du fond de la mine jusqu'au négoce des lingots. C'est pour nous un festival de photos! La seconde mine, contemporaine cete fois ci, fut arrêtée en 1989. Techniques de travail bien différentes évidemment, beaucoup de machines et des ateliers d'entretien très impressionnants. Ravis de ces deux visites de la partie nord ouest de l'île, nous fonçons maintenant vers le sud ouest, à OGI, où est réputée la promenade en baquet à la godille. Rapidement, nous trouvons dans le port ce groupe d'une quinzaine de femmes d'âge plutôt mur. Leur tenue est magnifique et tirée à quatre épingles. Ainsi, en couple, nous sommes invités à grimper dans des baquets en bois (recouverts toutefois de résine d'époxy) et à nous laisser promener durant une vingtaine de minutes. Notre accompagnatrice godille à l'aide d'une rame relativement longue et, à deux mains, actionne un manche à 90° pour aller...en marche avant, godille en tête! (pour les non initiés, la godille à la rame remplace normalement le moteur et au poignet, le rameur provoque un mouvement en 8, étant lui même le plus souvent dos à l'avant) Le passionné de godille que je suis reste impressionné par cette méthode qu'il découvre complètement et s'engage à y tenter plus tard quelque essais en Nouvelle Calédonie...
7 kms plus au nord, Jérémy et moi allons visiter un autre musée, dédié celui ci à la visite d'une réplique d'un bateau du 16 ème siècle. C'est une merveille de construction en bois que nous découvrons dans un hangar . Juxtaposant ce dernier, deux longues bâtisses exposent une très riche collection d'antiquités du début du 20ème, outils de travail et de pêche que nous apprécions énormément. Nous y découvrons également quelques maquettes nous expliquant l'architecture sous marine des pièges à poissons, merveille de croisements de filets obligeant sur une très longue distance tout poisson à pénétrer dans des nasses gigantesques. Plus tard, ils seront harponnés. Il doit d'ailleurs en être de même pour les dauphins et autres nageurs protégés. Nous comprenons ainsi bien mieux ce que nous avons pu observer au large des côtes deux nuits auparavant.
Sado, c'est aussi le festival de ses tambours. A notre grand désarroi, nous n'en verrons aucun, la saison n'étant pas touristique. Nous nous réconforterons donc dans un onsen. L'île n'étant pas volcanique active, et donc exempte de sources d'eau chaude naturelle, l'eau est chauffée et les 10-15° C qui règnent ici à l'extérieur ne peuvent guère rivaliser avec ce repos du guerrier. Au grand désarroi de au moins la moitié de mes 5 lecteurs, je ne ferai exceptionellement pas un laïus sur la longuer des sexes japonais cette fois ci. Je sais, beaucoup seront déçus mais qu'ils n'hésitent pas à m'adresser un email s'ils veulent approfondir leurs connaissance sur cette étude éthnologique très poussée. Je leur répondrai. Pour les autres, ils ne sont pas plus longs du sud au nord, qu'il fasse chaud ou froid...
Demain matin, à 01h00, nous appareillerons. Direction L'île la plus au nord du Japon, Hokaïdo, ville de Hakkodate qui sera notre avant dernière escale nippone. Deux petites journées de navigation logiquement. La météo semble assez favorable, du moins pas trop méchante. Ce n'est pas là que nous allons nous réchauffer...encore près de 500 kms tout droit vers le grand nord, île des ours et d'une nature difficle à dompter. Nous verrons bien...
Commentaires
1 Trem Le 10/06/2013
2 Aline GUEMAS Le 18/05/2013
Bises à toute l'équipe et bonne continuation à vous