Le 10/02/2013
Partis vers 08h30 de Carmen, nous filons bonne allure, vent de face de 20 nœuds comme il se doit et comme nous l'observions chaque matin de notre emplacement de marina. Ce vent de face, je l'avais bien envisagé et étais allé faire deux tours de tricycles avec 17 bidons de 20 litres afin de parfaire mes pleins. Notre trajet vers Legaspi se fera en grande partie au moteur ; il y en aura pour une trentaine d'heures et nous arriverons ainsi demain midi tranquilles sans avoir à tirer des bords entre les îlots et les passes. Réglés à 2000 tours, soit 6 nœuds de moyenne, tout semble normal et pourtant ! Je commence à en avoir ras la casquette ! Cela fait 5 à 6 fois que je dois descendre dans les salles-machines afin de purger les pré-filtres moteurs et pomper le gas oil. Je suis devenu virtuose à cet exercice mais que c'est « chiant»... Ici, sous ces chaleurs, il importe de ne pas laisser trop longtemps les réservoirs non pleins. En effet, il s'y développe des tas de micro-organismes qui étouffent ensuite les arrivées de carburant. Délibérément, j'avais portant fait le choix de ne pas les remplir afin d'alléger au maximum le bateau durant le carénage. Mais, maintenant, je le paie !!!
La nuit s'annonce parfaitement bien et les quarts se succèdent ; l'allure est toujours bonne avoisinant les 7 nœuds de moyenne. 04 heures, c'est mon tour de veiller et ce midi, nous découvrirons Legaspi. Il m'a bien fallu deux à trois minutes pour réellement interpréter ce que me disait mon écran : en moins de 5 minutes, nous sommes passés de 7 nœuds à moins 1 nœud avec nos deux puissants moteurs , et ce juste dans le détroit de Capul : Large d'au moins 1 km pourtant, cette passe entre deux îles a un courant contraire si fort que nous reculons. Triste constat de se rendre compte que la trace de notre sillon est devant nous sur notre écran IPAD... A tout hasard, un coup d'œil à l'arrière dans la nuit noire : nous ne semblons pas accrochés … Nouveau coup d'oeil sur la carte où est écrit en tout petit « 4 To 8 Kn » (en clair : tu as un courant de 4 à 8 nœuds là où tu es et dans le bon sens si tu as du pot.) Visiblement, le pot, nous ne l'avons pas ; je parviens à maintenir à grande peine ma position en poussant les moteurs à 2300 tours et c'est tout. Il m'aura fallu 4 heures pour remonter la valeur de 5-6 kms en attendant la reverse du courant. Dans ma culture, quand un courant sévit dans un sens, il y aura la reverse pour te récompenser. Et bien pas là ! Et ce courant, nous l'avons subi durant encore au moins 35 nautiques à au moins 2 nœuds mais toujours de face. Une autre nuit s'est passée, puis une matinée pour enfin voir la ville de Legaspi devant nous, après au moins 24 heures de navigation de rab....
Ici, pas de Marina, juste un port naturel semi fermé de la taille d'un petit étang et des constructions tout autour. Quelques bateaux de pêcheurs aux abords et en plein milieu, à l'ancre, nous ! C'est la place que j'ai choisi afin de ne gêner personne. Descendons vite le zodiac -sans le moteur volé, il est beaucoup plus léger...- et allons demander une quelconque autorisation à un administratif du coin ; Les jeunes restent à bord et notre première rencontre est celle de la directrice du port, une femme de 59 ans la reine mère du coin à qui tout le monde parle avec déférence ; nous avons là certainement la plus grande vipère de Legaspi mais qui ne nous escroquera d'aucun pesos, ce qui reste suffisamment exceptionnel pour être souligné . Elle appelle toutefois les douanes et l'immigration car « c'est le protocole » n'arrête t'elle pas de nous répéter.... La peau de vache nous entraîne encore dans une spirale de documents et de taxes ponctuée de nouveaux « bakchish » à 5000 pesos... Heureusement, ils ont avalé mon histoire d'escale technique car officiellement, nous avons quitté les Philippines depuis déjà un bon bout de temps ... Tant pis, oublions vite cela, demain, ce sera plongée avec les requins baleines. Après tous ces requins terrestres , cela devrait être reposant.
A petit matin, 10 minutes de tricycles à moteur et attente dans le bus qu'il se remplisse direction Donsol. 45 minutes se passent et nous ne sommes toujours que 6 : il nous manque encore 4 passagers ! 50 minutes, je craque et entame une discussion avec un responsable à qui je propose de payer 3 places vides en sus s'ils en prend une à sa charge. Comme par magie, il part en courant et revient avec son passager sorti de dessous les fagots et nous voilà partis pour 1 heure de bus qui prolonge jusqu'au centre touristique contre quelques pesos supplémentaires. Une dizaine de bateaux locaux sont là en bord de plage et après avoir visualisé un film explicatif sur les 9 commandements à respecter vis à vis des « whales sharks » dans une salle prévue à cet effet, nous embarquons avec nos deux premiers passagers de bus à 6 sur notre bateau avec 5 hommes d'équipage. Le responsable nous annonce avec fierté et le sourire que nous avons l'assurance à 100% de chance de nous baigner dans quelques minutes avec ces magnifiques poissons, ce qui nous rassure parfaitement de ne pas avoir effectué tout ce trajet pour rien. Très rapidement, nous arrivons sur le lieux de baignade où se croisent une petite dizaine de bateaux et ses touristes en quête d'émotions fortes : les bestioles font quand même une vingtaine de mètres et le film a vraiment donné l'eau à la bouche à tout le monde ; nous avons la consigne de chausser nos palmes et placer masques et tubas sur la tête. Ma caméra go-pro est prête, à nous le grand frisson ! Enfin, sans doute un peu plus tard car cela fait une demie heure que nos guetteurs scrutent mais rien pour le moment ; Cà devrait venir...enfin, pas tout de suite car au bout de deux heures de recherches, notre responsable nous suggère de retirer nos palmes pour décontracter nos jambes... Cà ne fait rien, 100% de chances de les voir, çà ne s'invente pas, on est prêts et pendant ce temps là à une vitesse de près de 6 nœuds, nous en bouffons du kilomètres. Et puis, c'est bien, car nous les kilomètres en bateau, ...on aime bien... Cela fait 2 heures 30 que nos guetteurs épient mais nous notons quand même un relâchement dans leur surveillance : le regard est fuyant, la pause cigarettes de plus en plus nombreuse et certains commencent même à manger : il est vrai qu'il est 13h30 et que nous sommes toujours à jeun. Parmi nos 6 touristes, également, plus de relâchement : nos deux collègues finlandais ne cachent plus trop leur homosexualité et nos masques sont retournés dans leurs sacs. En clair plus personne n'y croit encore beaucoup... Au bout de 3h15' de bateau et une trentaine de kms plus loin, le super responsable spécialiste, le gars à qui ce n'est jamais arrivé de rentrer bredouille, ce gars là nous annonce qu'il faut rentrer pour faire les pleins...en clair, barrez vous, y'a plus rien à voir aujourd'hui ! Quelle déception pour nous mais équilibrée par le fait que nous sommes quand même supers contents de quitter ce bateau et son banc en bois d'arbre... Retour à Legaspi.
Le lendemain est consacré aux boutiques très sympas et aux courses diverses, tant pour l'alimentaire que le bricolage. Très mauvaise nouvelle le soir sur le bateau : la maman de Jonathane est, à Nouméa, dans un état de santé tel que la décision de son fils s'impose : nos deux jeunes cessent immédiatement et définitivement le voyage ; ils prendront le premier avion demain matin pour la Nouvelle Calédonie. Quelle tristesse !
Ce matin, ce sont de rapides adieux : Jade et Jonathane descendent sur le quai et s'engouffrent dans un tricycle avec leurs bagages. Quant à nous deux, nous appareillons. Direction le nord, toujours le nord !
Commentaires
1 Trem Le 24/02/2013
J'ai pris contact avec Max, super accueil mais le p'tit Trem ne pourra pas y aller c'est trop loin de son chemin. Dommagel
2 Aline GUEMAS Le 18/02/2013