Le 24/02/2013
un œil ouvert...un œil ouvert... Je crois bien, je suis même sûr, que les deux yeux ne se sont pas mis d'accord pour savoir lequel veillerait... 6 heures du mat! 3 heures que l'on dérive... Bah ! Il n'y a pas grand mal : le courant nous prenant sur le côté nous a un peu rapproché des côtes mais nous sommes encore à 1h30 du port. Au petit jour, devant nous, une immense montagne : 1500 mètres de haut juste devant la mer et au pied de cette montagne, Hualien, ville de près de 300 000 habitants toute étirée comme coincée entre les éléments. Allez ! On appelle les chinois sur la radio VHF tout en avançant : aucune réponse des douanes, des coast guards ni de l'autorité du port... Nous sommes peut être encore un peu loin... Un quart d'heure plus tard, mêmes appels mais aucune réponse...alors on s'approche... Puis tous les quarts d'heure.... On commence à douter de son matériel radio mais comme on a tout en double, on essaie sur les deux postes...La ville grandit dangereusement car les p'tits gars devant n'ont pas particulièrement la réputation d'être de grands comiques. Tous les bouquins en parlent : il faut absolument s'annoncer au moins deux heures avant d'arriver dans un port. Bon ! On avance quand même : devant nous, une digue immense nous barre la vue et le passage mais on ne va pas rester toute la journée devant la porte quand même ! Cela fait donc 1h30 que j'appelle sur le canal d'appel international, le 16, et personne n'a répondu. En clair, tu peux être en parfaite détresse éventré sur un caillou à 100 mètres devant la ville et tout le monde s'en fout ! Et bien tant pis, il est presque 8 heures, on y va quand même! Qu'y a t'il derrière cette digue ?
Deux immenses remorqueurs juste derrière l'entrée qui viennent vers nous et nous crient à coups de haut parleurs : « french boat,... » puis des trucs incompréhensibles tellement c'était fort, si fort que « toute la ville s'est trouvée réveillée un lundi matin à 08 heures du mat » nous confiera plus tard un copain du coin ! Puis nous comprenons enfin par un des marins qui nous le crie qu'il faut passer sur le canal 14, ce que Mireille fait aussitôt et nous croyons comprendre qu'un 3ème remorquer va arriver et nous escorter plus loin dans le port... Justement il arrive ! Ben voilà ; quand on ne nous crie pas dans les oreilles, on comprend … Nous le suivons donc sur au moins 1 km et d'un geste de la main, un marin nous fait signe d'accoster contre un quai gigantesque, ce que nous faisons. Ah ! çà ne rigole pas dans le coin et les deux coast gards sur le quai qui nous attendent non plus... Allez, c'est le matin mais on n'est pas près de se coucher... Et puis, le vrai canal ets peut-être le 14 dans ce port mais le vrai, c'est le 16 !
Ils ne parlent pas anglais, nos 2 coast gards... çà va être facile, en chinois dans le texte ! Juste quelques mots qui les rend plutôt sympathiques. Nous sommes tellement sur la défensive et prêts à ramasser toute la misère du monde sur nos deux petites têtes que nous n'en menons pas très large alors je tente un baroud d'honneur avant d'aller sûrement finir au moins les 5 prochaines années dans les geôles chinoises : je commence à me montrer fâché de les appeler depuis 2 heures et que tout le monde dorme. Puis je leur place devant les yeux un mail de demande de visas que j'avais fait aux Philippines par mail et une réponse m'avait été retournée disant que le citoyens français pouvait entrer librement à Taiwan durant 90 jours ; pour terminer, je leur montre notre "clearance" sur lequel il est écrit « HUALIEN » comme destination avec un gros tampon philippin. En général, les chinois adorent les tampons... Cela rend les choses si officielles...et puis j'attends ! J'attends d'essayer de comprendre quelque chose avec Mireille de leurs balbutiements en anglais. Mai si on regarde bien, ils sont tout souriants, voire même apparemment gênés de nous déranger puis ils nous font signe de rester à bord et attendre que quelqu'un arrive. Moins de 20 minutes plus tard, un bon taïwanais civil plutôt jovial et commercial vient nous voir et nous explique avoir une société qui peut effectuer toute notre administration pour nous : visas sur passeports, manifestes d'arrivée et de départ, déclaration aux douanes ...etc. Il monte à bord ; nous sympathisons et il repart avec notre accord et nos deux passeports (beaucoup d'hésitations de notre part pour les lui confier mais nous avions vu qu'il semblait bien connaître les coast guards) en nous expliquant qu'il lui faudra moins d'une heure pour tout avoir et que si nous le voulions, nous pouvions aller en ville dès maintenant mais que si nous l'attendions, il nous y emmènerait tout à l'heure dans sa voiture... Peu de temps après, Ton, son associé, nous apportait tous nos documents tamponnés avec une gentillesse défiant toute concurrence. Jamais, nous n'avions effectué des formalités dans un pays avec autant de facilité. Aucune autorité n'est venue à bord, hormis un gros jeune douanier qui était plus intimidé qu'autre chose de visiter à la vitesse de l'éclair le bateau avec Mireille. Il est reparti en multiples courbettes en marmonnant des « very nice boat » pendant que j'essayais de le rouler sur le quai tellement il était étriqué dans son uniforme de faux maigre...
Super cool, le Tom ! Comme d'ailleurs tous les taïwanais que nous rencontrons ; cela fait maintenant 5 jours que nous sommes ici et nous nous plaisons énormément ! La seul pseudo agressivité ressentie a été notre arrivée face aux deux remorqueurs mais en analysant, ils étaient là par pure coïncidence car un pétrolier sortait ; le volume de leur haut parleur est celui utilisé dans le port quand le vent souffle fort et il souffle très souvent fort ici... Depuis, tout n'est que sourire et gentillesse. Certes, nous nous sommes rapidement rendus compte que nous étions quasiment les deux seuls touristes de Hualien et que notre bateau était le seul bateau de plaisance, moteur et voiliers confondus, de toute cette partie de la côte ! Nous sommes réellement l'attraction locale....
Revenons en à Tom. Deux fois le matin, il est venu nous demander si nous avions besoin de quelque chose, puis est revenu l'après midi nous accompagner en voiture à la banque, louer un booster et chez l'acupuncteur afin que Mireille puisse recevoir quelques soins, son dos la faisant toujours souffrir. Le lendemain, il nous a présenté un copain à lui, Terry. Que les amateurs de bandes dessinées ne s'y trompent pas : nous avons Tom et Terry et non pas Jerry... Bref ! En une journée, la première, nous avions notre emplacement au port, toutes nos formalités accomplies, reçu des soins chez un acupuncteur, soupé au restaurant et obtenu nos moyens de locomotion et de communication internet. Le lendemain, notre copain Terry, passionné de bateaux, nous aidait dans nos recherches afin de trouver un moteur hors bord à acheter et autres babioles nécessaires...
Depuis, notre vie est ponctuée d'un programme bien ordonné avec un lever entre 6 et 7 h30, un petit sport parfois, un début de matinée à bricoler le bateau, un petit repas au restau suivi d'une ballade en booster, des courses et retour au bateau pour notre petit film du soir. Dans quelques jours, le 6, nous recevrons notre nouveau membre d'équipage, notre fille aînée Ambre qui, après une super note reçue à son dernier mémoire, termine ses longues études et nous rejoint à bord pour un départ vers le Japon estimé aux environs du 10 mars. Mais avant, nous allons nous évader à travers le pays , un pays vraiment qui nous pousse à la découverte d'un monde à la fois si identique et différent du nôtre, un monde ... made in Taïwan !
Commentaires
1 alain Le 09/03/2013
2 TREM Le 24/02/2013
Trem
3 Monique et Jean Le 24/02/2013