Vers Madang - Nord Papouasie

13 décembre 2012.
Ce soir nous arriverons à Madang, ville située au nord de la Papouasie. Nous aurons donc navigué 3 jours et demi depuis Alotau et ce, sans réellement voir le soleil mais bien senti en quasi-permanence la chaleur... Tous les soirs, nous avons un concert d'éclairs sur les terres que nous longeons et peu de vent, sinon du nord, nord ouest, soit en pleine face...donc moteurs... En clair jusque là, tout se passe relativement bien, excepté...la soirée d'avant hier: quelle galère!( sans jeu de mots). En fait, nous avons connu une succession de problèmes qui m'a, en peu de temps, fait croire à la sorcellerie: avons nous été emboucannés à Alotau par la nana au guichet de la banque qui a dû sentir que je me moquais (un peu) de la totale incompétence de son organisme...? C'est possible: nous avons connu la plus longue attente possible au monde pour simplement transformer 4 billets de 100 dollars australiens (monnaie habituelle des touristes) en la monnaie locale, le Kina; et le pire est que nous n'avons même pas fait la queue; non, non, la nana s'est vraiment occupée de nous durant 55 minutes pendant que la queue, elle, s'allongeait évidemment derrière....et tout cela en suivant scrupuleusement une espèce de procédure qui la fait aller de collègue vers des chefs puis un guichetier via une photocopieuse tout cela en promenant mon passeport de la façon la plus naturelle et habituelle du monde! 55 minutes! Cool, on est en vacances...
Quoi qu'il en soit, la dite probable emboucanneuse y a mis du sien: elle a commencé par nous laisser regarder un petit film tous les quatre, bien en confiance calés  plage arrière sur une mer plus que sympa au vent portant. Elle a ensuite attendu que nous nous nous trouvions juste devant "Raymonde shoal "(récif Raymonde), çà ne s'invente pas: c'est le prénom de ma mère!...en plein pays anglophone de Lisbeth et de Margaret, elle nous  a trouvé une Raymonde, elle! (008.13.0895 S/148.17.4708 E) Et là, elle y a tout mis: baisse du vent à 2 noeuds, c'est à dire presque plus rien, soit une vitesse du bateau de 1.2 noeuds; déchargement d'un coup de tout notre pack d'électricité ce qui a coupé le disque dur de lecture de notre film et nous alerté du début des hostilités: impossible de démarrer le moteur babord qui fournit la dite électricité, en dehors de panneaux solaires;  qui dit plus d'électricité, dit plus d'électronique de bord, donc plus de localisation avec les récifs de ma très chère mère tout autour; une mer qui commence à se déchainer sous des éclairs qui défient soudainement tout feu d'artifice d'un 14 juillet au moment de la tombée inhabituellement brutale de la nuit... Bon, il nous reste un moteur pour avancer + un ordinateur avec GPS + 1 Ipad avec GPS + un GPS à main de secours... MAIS: après un rapide inventaire, il ne reste plus que 10% d'énergie dans l'IPAD et 12 dans l'ordinateur ce qui nous laisse difficilement plus de 3/4 d'heure d'autonomie au total surtout...que je n'arrive plus à remettre la main sur le GPS de secours! Bon...restons calmes, il nous reste une possibilité: le groupe électrogène qui va nous permettre de fournir du 220 volts et recharger les ordinateurs! Mais elle avait pensé à tout, l'emboucaneuse! Je ne peux pas faire fonctionner ensemble le groupe et le moteur tribord car je n'ai qu'une sortie de refroidissement commune qui doit être alternée par manip de vannes... Juré, dès que nous sortirons de l'eau le bateau aux Philipines, j'installerai un second passe-coque! En attendant, je n'ai pas le choix: je prèfère savoir où nous sommes et privilégier ainsi l'électricitrté -quitte à prendre des risques à la voile entre les récifs- plutôt qu'être très maniables au moteur et ne pas savoir comment éviter les récifs menaçants tout autour! Préférence au groupe électrogène pendant que je descends réparer le moteur babord. Puis, comme par enchantement, au bout d'une bonne heure de stress, tout s'est arrangé (hormis la météo et des rafales à 29 noeuds de face sous des rideaux de pluies). J'ai réussi à démarrer le moteur dont le pré-filtre était encrassé, les batteries ont été rechargées nous apportant toute l'énergie suffisante et nous avons réussi à éviter d'embrasser Raymonde! (Maman, très chère Maman, toi et moi nous en reparlerons...)
Deuxième sujet qui fâche: le poisson! J'avais la réputation de ne jamais rentrer d'une virée en mer bredouille et depuis près de deux semaines et demie que nous sommes partis, nous n'avons absolument rien pêché à la traîne; RIEN! nous avons pourtant une collection de leures qui fait toujours recette et n'y comprenons rien. Nous n'avons eu en tout et pour tout que deux touches sérieuses qui l'une à emporté notre rapala et l'autre nous  a arraché un double hameçon nous laissant le faux poisson tout nu. Il avait l'air aussi couillon que moi lorsque je l'ai remonté. Et pourtant, du poisson, il y en a : nous traversons parfois des nuées de carangues qui sautent autour du bateau comme pour nous narguer; les mers d'ici sont réputées comme très poissonneuses et il n'y a quasiment aucun pêcheur! Du poisson ferait si bien à notre menu... Nous devons nous contenter de celui que nous chassons sur les récifs mais comme nous naviguons beaucoup, il ne nous reste pas de temps pour la plongée... Tant pis c'est un choix que nous avons pris ensemble: du fait que nous sommes partis 12 jours plus tard que prévu ayant préféré attendre notre fille Jade et la fin de ses études plutôt qu'elle nous rejoigne à Port Moresby comme prévu initialement, nous avons du retard que nous sommes en passe de rattraper. Nous souhaiterions passer les fêtes de fin d'année à Palau pour que notre navigation qui suit garde les meilleures chances théoriques d'être réussie...et pourtant, ce retard de 12 jours nous a quand même permis d'évier le cyclone précoce qui a sévit la semaine dernière dans cette même zone où nous sommes actuellement: nord Papouasie Nouvelle Guinée-Palau!!! Allons donc, nous ne nous en sortons pas si mal... Ce soir, ce sera Madang avec une arrivée dans la nuit peu conseillée mais que nous ferons quand même et demain...il fera jour...