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Vers Hermit Island

Dimanche 16 décembre 2012
Il est 02 heures du matin et on s'en va. Arrivés à Madang hier matin dans la nuit, deux jours nous ont amplement suffit à découvrir une ville sale, bruyante et si peu développée. Si les papous restent sympas malgré tout et ne semblent pas envier les blancs comme dans la plupart de la mélanésie où il y  en a beaucoup plus, la région est réellement minable. Et comme c'est dommage! Le potentiel est pourtant énorme: c'est certainement le port naturel le plus grand, profond et sécurisé de toute cette partie du Pacifique. Il se trouve sur une route maritime et l'arrière pays serait merveilleux à découvrir . Mais voilà et ... c'est triste à dire: il manque certainement un bon colonisateur pour que l'économie qui les gère ne soit pas une économie de subsistance; en fait chacun se débrouille comme il le peut et n'a pas besoin de grand chose car la nature est généreuse mais les conditions d'hygiène sont mauvaises, le taux de mortalité élevé, notamment chez les plus jeunes et surtout la corruption au plus haut niveau flagrante. Alors, les chinois en profitent! Ils viennent de s'installer à Madang pour y implanter une usine de nickel. Comme à leur accoutumé, ils ne font absolument rien pour la population qui aurait pu exiger des écoles, des routes et dispensaires juste en contre partie  avec au moins un politicien sérieux... et la pollution s'accroit; une équipe de scientifiques français est justement dans le coin et nous confirme que cela devient une catastrophe: non seulement, la façon d'extraire le nickel pollue par ses rejets dans la mer mais les fonds marins sont tapissés de couche-culottes. Le plastique est partout!
Le marché était typique et très coloré; les roussettes (immenses chauve-souris) tapissent les arbres la tête en bas et remplacent les oiseaux dans le ciel. Tout cela donne un air un peu lugubre... L'office du tourisme, très pompeux comme ses prix, nous incite à aller visiter un vieil avion américain tombé durant la dernière guerre ou encore une tribu où 10 à 15 autochtones à peine réveillés improviseraien "un vieux pilou des familles" (danse mélanésienne)... Cette fois-ci, nous ne sommes pas tombés dans le piège et avons préféré visiter seuls en marchant ou en bus cette ville étouffante où aucune connection internet suffisante n'a pu permettre d'alimenter le présent Blog. Tant pis; nous devrons attendre encore une dizaine de jours jusqu'à Palau. Enfin...on l'espère!
08 h 30: Si nous avions décidé d'appareiller si tôt tout à l'heure de Madang, c'était dans le but de faire une bonne halte sur l'ile de Karkar. Ce vieux volcan semble très attrayant et les gens dit-on sympatiques et accueillants. Notre but est également d'aller se faire quelques poissons de récifs car celui qui se vendait en ville tout fumé et à peine vidé ne séduisait pas tout à fait nos papilles... Nous savons l'approche en bateau délicate et les fonds très profonds au pied du volcan mais il nous faut trouver des fonds inférieurs à 40 mètres et pas trop près du bord en raison de l'évitement. Ce fut délicat et difficile mais nous avons trouvé une espèce de plate forme et ce dont nous n'avions asolument pas besoin, soit.... des papous,  arrivés en nuée par pirogues. Il en sortait de partout, soit une quinzaine au total. Top tard pour s'en aller: c'est reparti pour du palabre! Evidemment, le voyageur classique doit certainement trouver ces rencontres très riches et flokloriques mais les calédoniens que nous sommes en connaisons déjà tous les travers. En clair: au bout d'un moment, çà nous gonfle!
Et c'est reparti: la grosse voix pour empêcher 15 gamins de monter à bord et de cogner leurs pirogues en bois contre les coques du bateau; on fait monter le vieil adulte à bord; on fait coutume en se présentant et en lui faisant boire un verre de coca qu'il va laper pendant des plombes... Bavard comme je suis, je vais essayer d'éviter ces interminables longs blancs dans la conversation dont ils sont si friands et ensuite, on ne saura pas comment le faire descendre tellement il jouira d'un prestige unique devant les autres... Nous obtenons de lui l'autorisation de chasser en apnée autour du bateau et il demeure , c'est vrai, très sympa et jovial même une fois remonté dans sa pirogue où je sens soudainement comme un masque de petit enfant honteux imprégnier son visage. En fait, le grand gaillard d'une bonne cinquantaine d'années qui était devant moi venait d'entendre un "encore plus vieux" lui envoyer des tas de mots doux du genre "connard! t'as pris ma place! Le vieux, le chef, c'est moi!!!" Et l'épouvantail en question avec sa barbiche vénérable arrive seul dans sa pirogue à lui et vient comme pour monter d'autorité sur le catamaran. Là, pour moi, c'en est trop: me retaper les mêmes palabres et lui redonner son lot de casquettes et autres babioles après un temps infernal de discussions interminables, pas question! Sans rien dire, je fais donc barrage de mon corps très respectueusement mais fermement et profite d'un moment où il me dit en anglais que je dois lui demander l'autorisation à lui ou bien partir pour justement lui dire que je choisis la seconde solution. Il en reste sur le cul et dans sa pirogue car il venait également de comprendre qu'il y avait également peu de chances qu'il ait physiquement le dessus avec moi ... Après deux heures "d'arrêt", nous voilà repartis et sans poissons !
La mer se lève contre toute attente et nous avons maintenant 30 noeuds environ de face. De face, cela veut dire que le vent vient au degré près d'où nous voulons aller: Hermit Island vantée par tous les marins! Un catamaran, c'est bien connu, ne remonte pas bien au près à la voile et le nôtre n'échappe pas réellement à la règle. Dans ce cas, j'ai l'habitude de tricher un peu: je place mon génois au plus serré et l'accompagne d'un moteur. Cela me permet de filer assez bien à environ 30 degrés d'écart contre un vent fort. Mais 30 degrés d'un bord ou de l'autre ne va pas arranger nos affaires et sacrément nous rallonger. J'avais prévu environ 36 heures de navigation ce qui me permettait d'arriver avant la nuit de demain dans les passes de récifs qu'il nous faut affronter de jour. Nous n mettrons plus du double! La journée se passe, la nuit se passe et tout sur le même bord. A 05 heures du mat, le 17 décembre, jour de mon anniversaire, je décide de continuer 5 nautiques de plus et d'aller protéger le bateau derrière un double ilôt car un grain plu fort que les autres menace au lever du jour. Nous sommes heureux de pouvoir faire cette halte après une nuit de navigation bien difficile que seuls Jade et moi avons partagé nous succédant aux quarts. La mer est bien formée, le vent n'a pas mollit mais ces deux iles à 50 mètres devant nous nous tendent les bras pour nous protéger à un bon mouillage. Tout à l'heure, nous irons marcher les découvrir et plonger pour chasser. Du fait qu'il n'existe pas de carte précise de ces coins perdus, nous nous fions à notre expérience des récifs pour jeter l'ancre aux bons endroits avec toutefois, le toujours super risque qu'une "patate" ne s'y trouve avant nous... Ca y est: 17 décembre, jour de mon aniversaire, nous nous trouvons accrochés sur 15 mètres de fond à ras des récifs et à 50 mères de la plage , relativement bien abrités des vents, vagues et courants; descendons le zodiac pour débuter l'exploration terrestre... Non! attendons quelques minutes car le ciel est bien noir soudainement... Fermons toutes les ouvertures! En quelques secondes, il s'abat sur nous une quantité de pluie incroyable et tellement drue que l'on ne voit plus du tout les ilôts, tout cela avec son concert d'éclairs et un vent renforcé à peut-être 40 noeuds. Nous allons donc attendre que le grain passe... Puis, j'ai comme le curieuse sensation que nous bougeons, en clair que notre ancre chasse. Mais dans ces mouillages, en général, les ancres se plantent dans les coraux plus que ne glissent. Jade décide tout de même d'allumer notre Ipad qui devrait laisser une trace si nous dérivons; le temps du chauffage de la bête et... nous avons bien fait un demi-mille avec l'ancre et 40 mètres de chaine en pendant, heureusement vers le grand large et pas sur les rochers !!! Je décide de laisser dériver, le temps que le grain passe. Le voilà parti: démarrage des moteurs et on retourne contre le vent se coller à l'ilôt mais... le vent a subitement changé de sens à 180 °; impossible de mouiller au même endroit. Qu'importe: aujourd'hui, 17 décembre, jour de mon anniversare, je vais trouver un autre endroit splendide de l'autre côté des iles.  Après en avoir fait le tour, force est de contater qu'il nous est tout bonnement impossible de s'en approcher tellement la barrière est menaçante et la mer agitée... Aujourd'hui, 17 décembre, jour de mon anniversaire, on se casse encore... Hier rejetés par les hommes, aujourd'hui par la nature, il sera donc dit que je passerai mon anniversaire à naviguer! Bah! il y  a pire: je pourrais être sur le périph...

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