Le 13/03/2013
Des navigations comme celle-là, on en voudrait tous les jours ! Il ne nous aura pas fallu 20 heures pour arriver devant l'ile d'Ishigaki, la troisième importante située géographiquement depuis Taïwan et le premier port dit « ouvert » du Japon. Impossible pour nous de faire notre entrée au Japon plus près. Une mer quasiment plate, un vent régulier venant du 80 ° tribord, un petit courant et du 9 nœuds de moyenne, soit une arrivée à 4 heures du mat au lieu des 8 heures annoncées aux gardes côtes japonais. La veille de partir, nous avons dû remplir et leur adresser par fax et mail 5 pages de documents, dont les prévisions de notre voyage au Japon avec toutes nos escales prévues et heures de départ/ arrivée... Sachant que nous escomptons rester 3 mois chez les nippons (ni mauvais), que la météo sera ce qu'elle sera et nos humeurs et envies aussi, que c'est brimant de devoir tout planifier à ce point.... Et le mieux, nous sommes prévenus, sera de ne pas déroger à ce planning si l'on veut éviter les tracasseries administratives.
Les 2ème et 3èmes premiers quarts de nuits ont été assurés par les filles et le « faufilage » entre les cailloux sera pour moi entre minuit et 4 heures, ainsi que le mouillage dans la zone de quarantaine en attendant 8 heures. Un voilier vient à notre rencontre et il s'avère que c'est le président du Yacht club que j'ai contacté par mail deux jours auparavant en lui demandant de bien vouloir s'assurer que les gardes côtes avaient bien reçu notre avis d'arrivée, ainsi que les douanes et les services sanitaires. Il m'avait retourné 3 courriels me rassurant et nous donnant même le détail du tri sélectif des poubelles au Japon... Très sympa, ce Président ! Il était accompagné de Fukami, un autre joyeux drille japonais très avide, lui aussi, de rencontrer un autre marin étranger. Nous apprendrons que pas plus de 10 voiliers étrangers par an pénètrent le Japon. L'an passé, un seul bateau est venu dans cette ïle... Inutile de vous dire que depuis que nous sommes à quai coincés entre une dizaine de bateaux des garde côtes, nous avons quelques admirateurs … Il est très curieux de constater que pour un asiatique, naviguer à notre façon demeure une approche très particulière de la vie, un vrai rêve mais dont ils n'ambitionnent même pas le premier soupir. En effet, déjà très limités par leur unique semaine de vacance annuelle, leurs priorités restent ailleurs... Première chose : chercher du soleil sans bronzer (car cela ne se fait pas), et de préférence trouver du sable blanc et deux trois palmiers... Pour cela, les îles du sud comme Ishigaki restent pour eux un rêve et ils affluent par avion.
Notre arrivée à quai tant redoutée commence : sur ce dernier, une dizaine de braves types tous en uniformes de trois quatre armes différentes qui nous prennent nos amarres ; quelques courbettes, échanges de saluts, et le premier demande l'autorisation en anglais au capitaine (votre serviteur) de monter à bord : inspection sanitaire ! Nous n'avons pas eu droit à la traditionnelle prise de température électronique de nos fronts, nos tronches semblant lui paraître en bonne santé... mais des documents à remplir... Puis ce fut le tour des gardes côtes et de leurs documents à remplir...Les douanes ont suivi avec une fouille du bateau ; c'est le premier pays où des agents vont jusqu'à soulever les planchers de coques pour leurs fouilles ; par chance, ils se contenteront de la coque tribord, tout notre pinard -dont nous avions déclaré seulement 10 litres- étant planqué dans la babord... et leurs documents à remplir... Un grand tout maigre est venu vérifier notre garde manger et nos poubelles en nous donnant des sacs de différentes couleurs et nous disant de ne pas débarquer notre poubelle de Taïwan au Japon (tu penses qu'on va la ramener à Taïwan...ou la garder...) et là ...pas de documents à remplir... Le tout dernier, beaucoup plus âgé que les autres n'a même pas pris la peine de monter à bord, m'interrogeant sur les plantes que je pouvais détenir à bord et me faisant au final signer un document tout en japonais dont je ne connais pas le moindre mot écrit... Temps total des formalités : 01h15 grâce à notre excellente préparation de documents dont les dizaines de photocopies ont beaucoup plu. Place à nos deux nouveaux amis marins qui montent à bord et nous promettent de revenir à 17 heures... car il nous faut encore maintenant monter à bord d'une voiture des services de l'immigration dont deux fonctionnaires nous emmèneront à 500 mètres de là en leurs bureaux afin de nous prendre en photos avec prises d'empreintes et ...des documents à remplir.... A nous maintenant, la visite de la ville !
Nous n'avons que deux vélos pour 6 fesses et le tirage au sort est relativement rapidement effectué, Mireille étant écartée vu son mal de dos lorsqu'elle marche, ainsi que Ambre car je suis galant. Je vais marcher très vite à côté. C'est donc au pas de charge que nous sillonnons cette ville d'environ 50 000 habitants, ville très propre, circulation à gauche, les bicyclettes devant partager avec les piétons les larges trottoirs. Rares sont les inscriptions en anglais mais l'on découvre trois ou quatre boutiques aux enseignes françaises, toujours preuve du bon goût. Les bateaux, surtout ceux destinés à la plongée, portent aussi souvent des noms français, comme « le grand bleu », « le ciel » ou « la marin ».. demain, j'irai dire au patron que « marin » est masculin... histoire de voir si le « hara-kiri » est toujours pratiqué au Japon !
Les poubelles : en ville, tous les voisins doivent savoir ce que vous avez bouffé la veille : les sacs de trois couleurs différentes sont nécessairement transparents, les boites de cartons comme celles de lait par exemple, ouvertes en deux et lavées... Quel bazard sur le bateau avec nos trois poubelles et la feuille type des consignes à suivre affichée en grand sur notre tableau... Maintenant, force est de constater que le camion poubelle ressemble plus à celui du marchand de glace que nos puanteurs ambulantes européennes...
La bouffe et la monnaie: les magasins, très bien achalandés offrent beaucoup plus de variétés qu'aux Philippines mais peut être un peu moins qu'à Taïwan ; beaucoup de fraîcheur en tous cas, les japonais restant très à cheval sur ce point. Quoiqu'il en soit, cela reste cher et nous retrouvons là un niveau de vie élevé où nous allons devoir cesser de jouer avec les restaurants comme nous le faisions jusqu'alors... les prix semblent similaires à la Nouvelle Calédonie et par chance, 1 yen équivaut à 1 franc pacifique. Quelle pot nous avons depuis le début de notre périple où chaque pays traversé correspond au quasi franc près à un multiple du franc pacifique !
17 heures (précises, on en était sûrs!) : nos 2 amis arrivent ! Nous leur offrons des bières calédoniennes dont nos coques regorgent et ce seront deux heures de franche rigolade, nos anglais respectifs étant suffisants à de très sympas échanges. Un troisième larron ressemblant plus à Géronimo l'indien, ce qui est d'ailleurs son surnom, les a rejoint amenant un pack de bières japonaises ce qui nous a permis de comparer les fleurons de nos industries respectives.
Très bonne première nuit à bord ; le port est d'une propreté à couper le souffle ce qui permis à Ambre d'aller tout à l'heure se baigner pour caresser au gant les coques afin d'en enlever les micro-algues amassées à Taïwan. Nouvelle découverte de la ville le matin et visite de l'île proposée la veille par Fukami qui nous baladera durant 5 heures l'après midi nous faisant visiter de nombreux sites tous plus jolis les uns que les autres, allant même nous faire respirer un peu d'air pur sur la plage privée d'un ami où je resterai abasourdi par le nombre de bouées de pêcheurs qui restent là, perdues sur la plage, sans être ramassées. Même sur les îles non fréquentées du pacifique, nous n'en trouvons pas autant. Mais nous avons là devant nous des dizaines de flotteurs qui permettraient à elles seules d'ouvrir une boutique.
Nouvelle journée : Fukami a contacté par téléphone un autre ami résidant à « Irromote », une île voisine où nous n'avions pas pu accoster au préalable pour les raisons administratives évoquées plus haut. 40 minutes de ferry à 30 nœuds soulevant une gerbe d'eau plus haute que nous à l'arrière nous ont permis d'arriver sur ce petit paradis de la nature ou 90% de la surface est recouverte d'une épaisse jungle abritant le superbe chat sauvage endémique au coin, visible rarement et en tous cas que la nuit. Nous le chat, on s'en moque un peu mais la japonaise qui nous attend et qui nous conduit chez son « boss » reste beaucoup plus intéressante. Aïa est une charmante demoiselle de 36 ans -mais qui n'en fait que 25- qui est chargée de nous servir de guide vers une superbe chute d'eau que nous rejoindrons à travers les mangroves via une rivière en kayaks. Elle sera d'une grande prévenance avec nous, nous expliquant dans son meilleur anglais les subtilités de la nature de cette île dont elle n'est pourtant pas originaire. Bien évidemment, nous n'apprendrons pas grand chose du fait que cette végétation reste très approchante de celle de la nouvelle Calédonie, pays de mangroves et de fougères arborescentes mais son franc parler lors du pique nique sur le monde japonais nous a énormément intéressé. Elle nous a, par exemple, expliqué les raisons du grand nombre de suicides chez les enfants, délaissés par leur classe entière pour des raisons infantiles mais aucunement soutenus par le corps enseignant dont elle est issue comme institutrice ; les difficultés pour se marier du fait du trop peu de temps libre aux jeunes hors le travail pour faire des connaissances. C'est d'ailleurs son cas malgré une véritable beauté et son grand charme ; le refus des japonais de parler anglais aux étrangers en raison seulement de « the shame », la honte qu'ils ont tous de faire des fautes. Tout japonais apprend au minimum 6 années l'anglais... En effet, seuls les voyageurs, tels nos marins, ou ce guide ose pour le moment échanger avec nous.... Nous quitterons avec regret Aïa malgré le « coup de bambou » de cette journée qui avoisinera les 450 euros pour finalement quelque chose de guère dépaysant pour nous.
Demain, nous partirons à midi rejoindre Okinawa, la capitale des îles Ryokku. Il nous faudra deux nuits et notre programme annoncé aux coasts gards est de 8 jours là bas. Notre seul soucis pour le moment demeure internet car il est impossible aux étrangers d'acheter un abonnement téléphone ou internet en raison du terrorisme. Cela fait deux soirs qu'à la tombée de la nuit , nous prenons nos vélos et allons nous cacher avec nos ordinateurs afin de capter la wi-fi des grands hôtels. Arriverai-je à poster cette page sur le blog et, qui sait, y placer quelques photos ?
Commentaires
1 Noëlle Guillon Le 20/11/2013
2 TREM Le 30/03/2013
3 Paulette et Michel Le 21/03/2013
4 Monique et Jean CROCHARD Le 20/03/2013
5 Aline GUEMAS Le 15/03/2013