Créer un site internet

à Duchateau island (Louisiades)

Le vent nous a toujours poussé mais pas très vite. Cette dernière journée de navigation a paru plus longue que les autres malgré les nombreuses occupations sur ordinateurs, jeux de société, repos dans le trampoline et surtout préparation du bateau en vue des prochaines intempéries.
L'arrivée à Duchateau s'est effectuée en douceur sans la moindre brise et à un mouillage parfait: 5 mètres de fond tout près des coraux. Mais d'abord grande question: ce petit paradis denviron 2 kms sur 1 est-il habité? Rien ne le laisse présager et pourtant, nous apercevons aux jumelles une pirogue à balancier en fond de crique. Immédiatement, Mireille et moi partons faire coutume en annexe et le bruit de notre moteur semble réveiller quelques ombres bien noires: nos premiers papous. Dès l'arrivée sur la plage, Je descend à terre, Mireille restant dans le zodiac, la VHF (radio en liaison avec le catamaran) à la main. Les saluts de la main échangés, je demande aux quatre gaillards aussi craintifs que moi si je peux passer la nuit sur cette ile et ils me donnent leur accord en m'expliquant dans un anglais aussi approximatif que le mien qu'il habitent sur la grande ile là-bas et qu'ils se servent de celle-ci comme base de pêche. Ils sont vêtus de slips ou short et tee-shirts. Leur physique est plus proche du vanuatais que du canaque. Ceux-ci ne connaissent pas l'argent ou presque et vivent de troc via leur occupation première: la pêche à la ligne. En deux minutes, l'affaire est pliée et nous rentrons à bord où il demeure primordial pour nos estomacs d'organiser un bon coup de chasse sous-marine. Même si le récif ne semble pas très poissonneux par rapport aux iles surprises, il nous faut, à Jonathane et moi, moins d'un quart d'heure pour faire nos courses. Il nécessitera d'ailleurs de vite remonter à bord car, à leur tour, nos quatre gaillards viennent nous rendre visite en pagayant avec leur pirogue.
Immédiatement, une stratégie de défense est organisée car nous ne savons toujours pas à qui nous avons à faire. Avec hésitation et peut-être une certaine gêne, ils se collent à notre bateau et je les accueille avec le sourire mais ne leur tend ni la main ni une amarre. Quoi qu'il en soit, une chose reste sûre: il demeure hors de question que nous les laissions monter à bord. Leur approche est tellement timide que aucun des quatre ne semble vouloir commencer à parler; je rompt donc le silence en les félicitant sur la qualité de leur bateau...qu'ils écopent en permanence... puis leur donne deux petits sacs de riz. Cela semble leur plaire et ils nous demandent comment on pêche; nous leur montrons nos leurres de traîne. Visiblement, ce type de pêche ne semble pas les passionner et le plus hardi des quatre finit par demander si nous avions pour eux du matériel de pêche. Je leur demande de rentrer à leur campement en leur disant de m'attendre et que je leur apporterai avant ce soir les photos sur papier que nous venons de prendre et peut-être fil et hameçons s'il m'en reste. Ils se retirent mais nous demeurons sur nos gardes, partagés entre une gentillesse qui semble naturelle et une vraie crainte de se faire attaquer dans la nuit. Ce soir, c'est décidé, je dors en travers de la porte...

Il est maintenant 19 heures et la nuit tombe. Je prend la rapide décision de démarrer le bateau et le changer de place de façon à ce que leurs éventuels repères visuels soient trompés si leur intention est de venir nous chercher quelques misères. Cela peut sembler paranoïaque mais les gros soucis de mauvaises rencontres de ce type sont légion dans le monde de la voile en Papouasie Nouvelle Guinée... En 3 minutes, l'ancre est remontée et 2 guetteurs à l'avant, je fais route pour environ 400 mètres en suivant mes lignes de sonde "informatiques". Pas plus de 2 minutes de navigation quand les guetteurs poussent le genre de cris qu'un skipper n'aime pas: "patates...gauche...tribord...stop...partout.... oh lala...". Machine arière mais trop tard: nous avons touché. Immédiatement, je saute à l'eau et effectue l'amer constat que nos deux quilles sont posées sur 2 belles patates espacées juste des 7 mètres idéaux pour accueillir nos deux coques qui reposent. De plus, les deux safrans semblent, comme un fait exprès s'être emboités dans des coraux comme dans une tenaille. Très vite, Mireille est à la barre, Jonathane au zodiac pour pousser latéralement le bateau, jade à la répétition de mes consignes à chacune de mes sorties d'apnée. En effet, je suis en chaussures et prend appui sur le corail pour tenter de soulever un peu le bateau pour l'aider à pivoter, seule solution qui me semble jouable pour le moment. Le bateau ne bougera pas. Je décide donc de cesser là tout travail et de casser la croûte le temps que j'essaie de calculer les marées et autres. A la fin du repas, je ressens la curieuse sensation que le bateau dérive et aurait quitté sa position d'échouage. Difficile à estimer dans cette nuit noire et Jade prend l'excellente initiative d'allumer l'IPAD qui enregistre notre trace pour constater qu'effectivement, de façon aussi soudaine que c'était arrivé, le bateau à lâché seul son accrochage et, le courant étant tellement fort, nous avons bien navigué un petit nautique à la dérive... Aussitôt, nous mouillons dans des fonds de 10 mètres er demain, il fera jour... Beaucoup d'émotion en cette fin de journée et surtout un grand regret de ma part d'avoir pris cette intitiative en faisant trop confiance aux relevés des cartes qui nous ont encore bien trahis. Ces patates n'étaient pas répertoriées.
Personne ne vint nous visiter la nuit et cela a mieux valu car mon humeur était assez...remontée jusqu'au lendemain matin où je pus effectuer l'heureux constat qu'aucun dommage n'était à déplorer sur les coques, safrans et arbres d'hélice.
Ce matin, exploration de l'ile tous les quatre: la forêt est luxuriante: si les arbres ressemblent beaucoup à ceux que nous connaissons dans le Pacifique sud, nous notons beaucoup d'endémie évidente aux arbres et plantes mais aussi aux animaux: cette espèce de grosse poule d'eau qui vole très lourdement de branche en branche semble défier toutes les lois de l'aéronautique...Rencontre avec une magnifique araignée tendue là entre deux arbres à la hauteur de nos visages....
Ce midi, nous ferons route vers Alotau dans Milne Bay. Le temps semble encore clément quelques temps quoique beaucoup de pluie est prévue les jours qui arivent. Cette ile est magnifique mais les iles magnifiques, nous ne connaissons que cela dans notre région et il y a bien longtemps que nous ne tombons plus le cul par terre devant la qualité d'un sable pourtant exceptionnel ou de l'extraordinaire limpidité de l'eau. Adieu Duchateau Island.

Commentaires

  • Aline

    1 Aline Le 10/12/2012

    Et tu crois pouvoir soulever le bateau tout seul????? Tu es fort mais quand même....!!!! Bon faites gaffe les amis la mer n'est pas un long fleuve tranquille.... On pense à vous et merci pour ces magnifiques "reportages".
  • Aline

    2 Aline Le 10/12/2012

    Et tu crois pouvoir soulever le bateau tout seul????? Tu es fort mais quand même....!!!! Bon faites gaffe les amis la mer n'est pas un long fleuve tranquille.... On pense à vous et merci pour ces magnifiques "reportages".
  • raymonde

    3 raymonde Le 08/12/2012

    manque les datesdommage
  • raymonde

    4 raymonde Le 08/12/2012

    sommes trés content d'avoir le recitt du début de vos aventures .
    vous avez déjà des émotions fortes.
    ray

Ajouter un commentaire

Anti-spam