SADO Shima le 20 mai 2013
Seulement deux jours de navigation, soit 48 petites heures, la fenêtre météo n'est pas si difficile à trouver et pourtant... Dans la région, les vents sont relativement changeants et à quelques heures du départ, force est de constater que les prévisions ont encore changé. Tant pis, il est 01h30 du mat, Jérémy m'aide pour l'appareillage et nous y sommes. A quelques mètres de notre étrave, nos amis de Patago dorment du sommeil du juste. La veille, nous avons fêté l'anniversaire de Sophie qui a passé une décennie. Le saké a coulé et le far breton l'a accompagné. Pas un souffle de vent ; nos deux moteurs sont de véritables horloges.
Premiers obstacles à éviter : les filets qui devraient être nombreux de ce côté là aussi. Reste à espérer qu'ils soient balisés par des lampes. Mieux vaut ne pas trop lécher les côtes du nord de l'île et s'en écarter quitte à effectuer un peu plus de chemin. 03H15 : le jour se lève. La mer est de l'huile et cela durera 36 heures jusqu'à ce que....
En attendant, le bateau file bon train, environ 6,5 nœuds à 2000 tours. Rapidement, le fameux cri « des dauphins ! » retentit et c'est avec un immense plaisir que Mireille et moi, plus habitués à leur présence, voyons nos jeunes compagnons bondir dans le filet à l'avant et se pencher pour essayer de les toucher. Ils sont huit à s'être complètement détournés de leur chemin pour jouer avec nos étraves. Le spectacle est toujours aussi sympa. Puis comme ils étaient venus, ils s'en vont reprenant leur chemin initial. Un seul aura des remords et revient au bout de deux minutes nous amuser dans un vrai festival de cabrioles, alternant une coque à l'autre, fonçant devant et revenant à une vitesse folle contre nous pour se cabrer à nouveau et revenir sans relâche. Ce qui,finalement, m'impressionne le plus est d'imaginer la distance qu'il aura à faire pour retrouver ses copains au bout de 20 minutes de ce jeu là... Il doit avoir des moyens radios extraordinaires. Justement, nous avons une vacation radio par BLU avec Patago comme convenu à midi et rien ne passe. Nous devons avoir un soucis d'antenne que je ne n'essaierai pas vraiment de réparer. Nous verrons cela une fois arrivés à Hakodate.
14h00, la mer est toujours un miracle de platitude quand, juste sur notre axe, une immense bouée de casier se présente. Elle est couchée et le sondeur affichant 500 mètres, j'imagine aisément qu'elle n'est plus accrochée au fond et qu'elle dérive. Mieux vaut faire attention car, qui dit bouée, dit certainement cordage coupé et qui flotte autour. Très sage précaution et notre arrivée sur elle à vitesse lente nous permet d'enclencher rapidement les points morts car la longueur de corde semble impressionnante et de bon diamètre. En fait, elle nous barre littéralement la route sur environ 300 mètres ! Il est évident que nos 2 hélices auraient adoré se prendre là dedans et nous sommes bien heureux d'éviter le double bain forcé à essayer en apnée, couteau à la main, de se sortir de cette mauvaise passe. Et puis, 300 mètres de corde à récupérer, c'est plutôt pas mal étant donnés les prix japonais. Nous laissons la bouée qui ne présente aucun danger de navigation et reprenons notre route bon train pour nous trouver à nouveau devant une bouée toute noire celle-ci et Ambre se jette sur la gaffe de façon à la saisir. L'approche se fait très facilement et Ambre n'aura même pas besoin de se pencher sauf que...à notre grande stupéfaction à tous les deux, la bouée se met à applaudir à 5 mètres du bord et à couler à une vitesse vertigineuse : une otarie, une magnifique otarie se bronzait là, ventre à l'air et s'est réveillée au dernier moment ; un claquage en l'air de ses deux nageoires et elle est repartie ! Nous en verrons d'autres au cours des heures qui suivent.
La seconde nuit fut aussi calme que la première et quasiment blanche pour le capitaine-mécano que je suis. En effet, un moteur s'est étouffé et mes petites vidanges régulières des pré-filtres ne parviendront pas à le réanimer. Durant leur quart, Ambre, puis Jérémy me verront disparaître et rester dans la machinerie tribord durant 3 heures et demie afin de remplacer mon pré-filtre qui me donnera beaucoup de fil à retordre. Ce sera enfin un succès bien mérité juste au moment où c'est à moi de prendre mon tour de surveillance à 03h30... 10h00 : le vent se lève un peu, beaucoup puis passionnément pour atteindre 30 noeuds par moments et en plein de face. Je pressens une fin de journée difficile, arrivée prévue initialement à 15H30. En effet, nous approchons du goulet qui sépare les 2 plus grandes îles du japon et la carte indique des courants pouvant atteindre 5,5 nœuds. 5,5 nœuds de face pour un bateau qui avance au moteur en croisière à un peu plus de 6 mais avec 30 nœuds de vent également en plein dans la tronche, ne va t'on pas reculer ? Pour le moment, il semblerait que le bateau résiste plutôt bien ; j'estime que nous devons avoir un courant favorable de au moins deux nœuds car nous parvenons à résister aux éléments en avançant à 4,5 nœuds. La moyenne baisse. Puis le vent semble s'écarter peu à peu de notre axe pour nous offrir un angle de 25 °, ce qui est trop peu pour remonter au près en catamaran mais mon expérience en la matière est grande et aidé de nos moteurs, le rail de grand voile complètement à contre, je parviens à accélérer peu à peu pour flirter parfois avec les 8 nœuds. Nous passerons au dessus du tunnel de Seikan, la plus longue voie de communication sous marine du monde longue de 54 km qui relie les deux îles. Ensuite sous un léger brouillard mais un froid de canard, nous accédons à l'immense baie d'Hakodate où là, par contre, nous subissons 2,5 nœuds de courant de face. Notre vitesse sera bien réduite mais nous permettra malgré tout d'arriver juste avant la tombée de la nuit dans l'immense port avec la bénédiction des coast gards que nous joindrons par radio.
19h30 : j'ose placer le bateau juste devant un édifice qui m'inspire. Et pour cause : c'est un « starbuks » , café ô combien recherché par les étrangers qui peuvent ainsi avoir une connexion internet par Wi-Fi... Allez ! On dort maintenant...
Commentaires
1 Paulette et Michel Le 25/05/2013
2 aline GUEMAS Le 22/05/2013