Okinawa

NAHA-OKINAWA

Le 23/03/2013

Bon çà va ; il me reste 38 minutes pour la lessive et 18 pour le séchage ; je suis puni de lavage de linge pendant que les dames font du shopping. Mon côté macho en prend un sacré coup mais le partage des tâches l'impose et puis, il est hors de question pour nous de nous servir de notre machine à laver du bateau car rejeter de l'eau sale dans ce port translucide serait un crime … Je suis donc au « lavomatic » local parmi ces dames japonaises très courtoises et un peu gênées toutefois de comparer leurs culottes et soutiens gorges aux miens, quelque peu plus sexys... Assis devant mon ordinateur, je dois écrire rapidement car la puissance électrique distribuée est , comme aux états unis, du 110 volts et mon matériel est bien sûr du 220 V que je charge sur le bateau. De plus, ce sera la même chose pour utiliser mon ordinateur dans un cyber café pour internet. Etant donné qu'il est interdit pour un non japonais de prendre un quelconque abonnement, il reste ces cybers fort chers ou les « starbucks », chaînes de café américaine où, grâce à un code gratuit, nous pouvons avoir internet de façon illimitée et avec un assez bon débit. C'est Ambre qui a trouvé cette combine en discutant avec une japonaise travaillant à un bureau d'accueil.

Nous sommes samedi et arrivés dimanche après midi à la capitale « Naha » de l'île d'Okinawa. La fabuleuse journée de navigation de dimanche a pu rattraper la déplorable de samedi que j'avais décidé de commencer à 2 heures du mat en quittant le port. Première entorse à notre planning initial : j'ai décidé de reculer de 36 heures notre départ d'Ishigaki en raison de la mauvaise météo ; les douaniers ont été très compréhensifs et mon choix fut le bon : j'avais programmé un vent de face mais faible la première journée et un plus fort de travers-près le lendemain ; ce fut exactement cela : de 5 nœuds pénibles de moyenne la première journée au moteur avec des courants contraires par moments, nous avons avoisiné les 9 le lendemain à la voile. Comme destination, tous nos contacts nous parlaient d'une marina super équipée au sud de l'île mais notre décision est restée d'éviter de devoir nous taper 20 kms aller minimum pour rejoindre la ville chaque jour. L'avantage de notre bateau est que nous sommes parfaitement autonomes en énergie et en eau ; ceci nous servira une fois encore car nous allons bien nous débrouiller pour nous caser entre 2 pêcheurs ou gardes côtes...Nous sommes à 11 nœuds quand nous baissons les voiles devant les immenses jetées de ce port gigantesque qui contient une multitude de mini-ports intérieurs. Allez, on entre et nous choisissons de pénétrer à 16h30 entre 2 petites jetées pour découvrir un quai libre à l'intérieur... On s'y colle du style : « pardon msieurs'dames, on est un peu perdu...est-ce qu'on peut rester pour la nuit et plus si affinités... » Pas de chance : nous arrivons juste au moment ou la cohorte de bateaux de plongée rentrent au bercail et débarquent habituellement leurs touristes japonais à l'endroit même où nous sommes ; voilà donc la raison de la vacance de ce magnifique quai. Apparemment aussi contents et surpris de voir un extra-terrestre (lire :un voilier qui navigue), ils se débrouillent comme ils le peuvent et nous expliquent dans un anglais plus qu'approximatif heureusement repris par un américain moniteur de plongée parfaitement bilingue que nous pouvons rester pour la nuit mais que demain, il serait bon de nous placer à un autre endroit qui est libre pour au moins la semaine ! Cela tombe bien, la semaine, c'est juste ce que nous escomptons rester. Nous remercions chaleureusement tout le monde pour sa compréhension à grand coups de hochements de tête et de « aligato gomasu » (merci beaucoup) .

Kokusaï street est la rue principale et touristique de Naha que nous avons arpentés deux jours durant, allant de boutiques en boutiques, éberlués par autant de magasins ne contenant que de puériles fantaisies. La culture japonaise de l'achat reste extrêmement différente de la nôtre allant des boutiques hyper luxe des marques françaises toujours beaucoup recherchées aux petites niaiseries qu'ils accrocheront à leur sac à main ou en pendentif. Les restaurants sont chers et ne nous satisfont pas vraiment ; en tous cas, rien à voir avec celle de Taïwan que nous avons adoré découvrir ; le frais tant pour les légumes que viandes et poissons s'impose ici, ainsi que l'évidente propreté des cuisines. De temps à autres, un petit tour au « Mac Donald » que nous fuyons habituellement nous permet de retrouver les frites et nous parvenons à réellement flatter nos papilles en cuisinant à bord car nous trouvons aisément à des prix abordables de très bons produits. Seul pour le moment le restaurant « Sam's » nous a pleinement satisfait : j'ai invité ma moitié, pour son anniversaire dans ce très chic restaurant où tout y était : la déco « ambiance bateau », le cuistot qui nous prépare nos plats sur la plaque de cuisson en faisant virevolter tantôt la poivrière, tantôt ses couteaux et de la nourriture et vins exquis.

Notre transport est assuré par les bus, nos bicyclettes (2 pour 3) et lorsque cela s'impose, le taxi : un régal que le taxi : ouverture en grand et fermeture des portes commandées par le chauffeur qui, d'une façon on ne peut plus servile, nous interroge sur notre destination après s'être répandu en délicatesses verbales. Nous sommes à la fois impressionnés et amusés par son comportement qui colle parfaitement à sa tenue : chaussures vernies, pantalon de costume gris, chemise blanche avec plis double sur les manches, gilet sombre, brassard tenu au bras par une épingle à nourrice, casquette haut de forme blanche et gants blancs : la Classe ! N'oublions pas les petites dentelles de grand mère sur les sièges, tout y est ! (Bon !...le prix aussi...)

Okinawa, c'est aussi, et surtout, la guerre et les fabuleuses histoires qui s'y sont déroulées en 1945 lorsque les américains y débarquèrent. Ce matin, j'ai pu visiter après une bonne vingtaine de kilomètres à vélo, l'ancien quartier général de la Marine nippone qui comptait environ 1500 kms de tunnels dont seulement 200 mètres sont accessibles maintenant au public, avec les salles qu'ils reliaient. Certains murs sont creusés d'impacts, rappelant que 4000 hommes de la marine japonaise , refusant la honte de la défaite se sont suicidés là, en grande partie avec des grenades à la main. Encore plus poignant, le « hemeyuri-no-to » évoque le suicide collectif de 200 écolières d'Okinawa et leurs institutrices, ayant choisi de mourir en restant à l'intérieur d'une grotte située sur le passage des tanks américains qui tiraient systématiquement. En dessert, il nous reste la visite du lieu de la fosse commune où 35000 morts ont été entassés....A côté de cela, la visite du vieux « semblant village » de poteries d'Okinawa reste bien fade...

Cà y est ; transfert du linge dans les machines à sécher... Encore 18 minutes, je suis dans les temps.

Les japonais sont d'une délicatesse et politesse extrêmes et il convient pour ne pas les froisser de respecter de nombreuses règles : les plus élémentaires restent de se déchausser lorsque l'on pénètre un lieu, à fortiori une maison d'habitation ou encore une cabine d'essayage dans un magasin. A ce propos, Ambre avec son mètre soixante dix sept et sa pointure qui frôle des sommets n'a pas encore pu trouver une chaussure à sa taille et acheter un vêtement relève du véritable chemin de croix... Nous avons beau savoir que la cotation est inférieure d'une taille au Japon, quand vous essayez la plus grande, et que c'est trop petit...c'est trop petit !!! J'avais eu moi même les mêmes soucis aux Philippines où je me sentais géant avec mon seul mètre quatre vingt, pas du tout à Taïwan où la taille des humains approche celle des européens et je retrouve ici parfois des difficultés, en tous cas toujours pour les chaussures où le 46 demeure rare.

Dans le cadre des règles élémentaires à respecter toujours, ne jamais planter ses baguettes à la verticale das son bol de riz, traverser une route sans que le voyant « piéton » soit vert, donner vertement son avis (ce qui fait qu'une transaction peut prendre parfois des plombes...), doubler une file d'attente, …,etc, etc.- en clair, tout ce qui représente le sport national du français- . Nous nous trouvons là devant une très vieille culture bien établie et basée sur le respect d'autrui emprunt, avouons le malgré tout, d'une bonne dose d'hypocrisie mais qui demeure reposante. En tous cas, dans les rues, absolument aucun vandalisme, ni tag, ni crotte de chien, voire papier qui traîne....

Le linge est sec ! Je dois maintenant le plier et essayer de placer cette prose et des photos sur le Blog. Dommage ! J'avais encore des trucs à écrire sur les rapports hommes-femmes japonais. Bon tant pis ; je continue à écrire; mon linge va s'aérer en attendant.

Au Japon, l'éducation ne favorise pas la mixité et les mariages sont souvent arrangés. On compte une étudiante pour 2 étudiants et rare la demoiselle qui arrive en maîtrise ; d'ailleurs, elle ne représente également que 8% des postes de direction, malgré une loi de 79 qui tend à favoriser l'égalité des sexes au travail mais sans sanctions prévues si non appliquées... Elles portent l'uniforme, les hommes pas ; elles répondent au téléphone et servent le thé aux hommes. Embauchées à 20 ans avec un salaire inférieur aux hommes, elles sont sensées démissionner à leur mariage, élever leurs ou plutôt leur unique enfant (ce qui est devenu un véritable soucis au Japon qui vieillit très vite), et revenir travailler ensuite. L'esprit travailleur du Japonais est légendaire et un « salaryman » (employé de bureau) passe en moyenne 2 heures par jour dans les transports en commun, 10 au boulot, et ce, six jours par semaine -les femmes, 8 heures- A la fermeture du bureau, Monsieur est sensé aller boire un verre avec ses collègues ; ses enfants seront couchés quand il rentrera et il ne les verra que le dimanche. Il a droit à deux semaines de congé par an mais par loyauté envers son entreprise, il ne prendra que 4 jours.... C'est tout le français çà... et cela prouve bien nos façons si différentes de concevoir la vie et même d'en discuter. Pour le moment, je suis bien incapable de savoir si le nippon nous envie ou bien, si par fierté, il ne renoncerait pour rien au monde à son statut … Il va falloir que je me trouve un pote aux yeux bridés un peu plus ouvert que les autres. Pour le moment, tous ceux que je rencontre sont tellement réservés qu'ils ne veulent parler que de notre bateau ou voyage et nous mettent sur un tel piédestal que discuter de leur culture semble être tabou. Bah ! D'ici début juin où nous quitterons ce monde si étrange pour l'Alaska, j'aurai bien la réponse...

Après-demain, ce sera l'île d'Amami pour en gros 24 heures de voyage. Bon ! Ce linge, il faut que je le plie maintenant. Je monopolise la table et mes nouvelles copines de lavomatic ne sont pas du genre à dire que je les gêne, nippones obligent.....

1-9.jpg

Impossible de trouver un pavillon japonais à Ishigaki. Mireille s'évertue donc à en confectionner unen mer pour notre arrivée à Okinawa; Politesse oblige, il sera hissé à droite dans la mâture.

2-11.jpg

Okinawa devant nous: ville de 300.000 habitants entièrement rasée pendant la guerre et reconsruite en grande partie par les américains.

3-11.jpg

Un couple de jeunes amoureux posent devant leur bateau à quai...

4-10.jpg

Una architecture nippone qui ose enfin! (l'arbre est en béton mais fait illusion même quand on le touche...)

5-10.jpg

Rue piétonne couverte qui attire tout ce que l'ile compte de touristes.

6-10.jpg

Partout au Japon, certains endroits de la ville sont parsemés de ces panneaux qui annoncent la hauteur de l'eau en cas de tsunami...

7-10.jpg

Le motif préféré des pottiers des iles Ryokyu:" les chiens de Corée"

8-9.jpg

Sur le bord de la rue commerçante,devant un magasin, un Japon qui se dévergonde.

9-10.jpg

Au cinéma à l'affiche en ce moment...

10-7.jpg

Vos serviteurs en tenue traditionnelle d'Okinawa.

11-6.jpg

Sur le shauteurs de Naha, cette stèle en mémoire de l'Amiral et des 4000 suicidés dans les souterrains:" la mort plutôt que la honte de la défaite..."

12-6.jpg

Accès aux souterrains: le sgaleries et escaliers sont très étroits.

13-6.jpg

Sur le mur, des éclats de grenade laissés là qui montrent les suicides dans les souterrains

14-6.jpg

Chez Sam's, un cuisiner bien efficace officie devant nous sur la plaque de cuisson de notre table... Un régal pour les yeux et les papilles...

Commentaires

  • TREM

    1 TREM Le 30/03/2013

    Salut les voyageurs, dans deux semaine nous serons à Bali et à Flores, pas loin et trop loin, dommage!!!!
    A très vite et encore merci pour les photos et le récit fabuleux!
    Eric
  • raymonde

    2 raymonde Le 28/03/2013

    vous voilà rendu à mirama
    tout va bien
    mM
  • Paulette et Michel

    3 Paulette et Michel Le 27/03/2013

    "bon anniversaire Mireille" !!!
    nous lisons toujours avec intérêt les commentaires,
    apprécions les photos.
    bon vent!
  • Aline GUEMAS

    4 Aline GUEMAS Le 26/03/2013

    Tout d'abord "JOYEUX ANNIVERSAIRE" Mireille!!!!!! Et plein de bisous. Je vois que tu as enfin réussi à le mettre aux tâches ménagères....BRAVO!!!!! Et puis il s'en vante!!!! Enfin, on l'imagine difficilement devant la machine à laver, mais comme il décrit cela très bien, finalement ..... Et le nouveau mousse il arrive quand? Bonne continuation à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures, si bien racontées......
  • Monique et Jean CROCHARD

    5 Monique et Jean CROCHARD Le 24/03/2013

    Nous attendons tjrs les nouvelles avec impatience. Bravo pour les images.... nous voyageons avec vous.... mais dans notre fauteuil. Bon anniversaire Mireille. gros bisous à vous trois. Monique et Jean.
  • Benoît

    6 Benoît Le 24/03/2013

    En attendant l'arrivée du nouveau mousse, joyeux anniversaire Mireille.
    神代文字,万葉仮名 (la même chose mais en Japonais

Ajouter un commentaire

Anti-spam