OKI Shima le 13 mai 2013
Et zut! Je vais devoir en écrire long cette fois ci...Comme quoi la dernière fois n'était pas coutume! Que mes cinq lecteurs m'excusent mais Oki, c'était incroyablement super extraordinaire! Quel accueil! Quelle gentillesse! Et quels merveilleux souvenirs pour nous !!!!
Tout à commencé par un trajet sans aucun vent, mais çà c'était prévu entre Iki et Oki: 34 heures de moteurs avec un peu de toile à slalommer entre des dizaines de filets et casiers de jour comme de nuit.... Une pluie à notre arrivée et une place assez reculée entre deux bateaux de pêcheurs. Le vêtement de pluie à poste, je quitte le navire afin de me rendre au bureau des garde-côtes afin de présenter le fameux sésame, l'autorisation d'accoster dans ce port fermé arrachée deux jours auparavant à Iki. Accueilli par 5 braves types en uniformes impeccables et une dame militaire également mais dont la tâche n'est apparemment que de servir le café aux hommes (cela reste le constat que nous effectuons dans toutes les administrations d'ailleurs), le capitaine me fait gentillement remarquer que j'arrive un jour trop tôt et que l'autorisation ne débute que demain...Et crotte! Ca recommence! Comme nous ne comprenons absolument rien aux documents et écritures nippons, force est de constater qu'il a raison. J'exprime ma gêne, ainsi que mes regrets et ceux de mes descendants sur cinq générations promettant de vite retourner sur mon bateau et d'attendre demain pour en descendre avec mon équipage, ce qui le fait sourire m'autorisant à faire ce que je voulais dès maintenant. Après m'avoir offert un café apporté par madame café dont la seconde responsabilité doit être aussi de nettoyer les toilettes d'après ce que j'ai pu observer en 1 heure de présence, les 5 garde-côtes se sont pliés en quatre d'attention me faisant des cadeaux de bienvenue (2 petites peluches représentant les garde-côtes, 4 petites trousses comprenant des mini couvertures de survie, 4 pochettes avec crayons feutres (?) et des porte-clefs). Enhardis par tant de gentillesse, j'ose leur demander si je ne pouvais pas changer mon bateau de place et l'amarrer à l'angle du quai des ferrys, autrement dit à la place d'honneur. Surpris de la question, ils n'osent me dire non et me proposent même d'effectuer les changements de dates des autorisations d'arrivée du prochain port fermé de Sado car le créneau n'est pas assez large d'après eux. Ils enverront pour cela une collection de fax. Tout se passe merveilleusement bien: les cinq hommes sont à mes petits soins, la dame refait des cafés et nettoie à nouveau les toilettes. J'en profite pour poser la question qui tue: internet? Grosse déception dans l'auditoire: il n'existe pas de cyber café à Oki! Qu'importe; le capitaine me confie son code personnel et me donne ses heures de présence au bureau, là où je pourrai venir me connecter lorsque je le souhaiterai car il faudra que je sois proche de son téléphone portable. Cerise sur le gâteau: mes braves garde-côtes m'annoncent que, demain samedi, c'est la fête annuelle de l'île: un festival de danse se déroulera juste devant le bateau à son nouvel emplacement et qu'un feu d'artifice sera tiré également devant Gwen Ha Du en soirée. Nous n'étions pas informés de cette fête et cela nous enchante doublement. Rapidement, je rentre au bateau annoncer toutes ces bonnes choses à mon équipe et, immédiatement, nous partons découvrir notre nouvel emplacement. Trop pressés et parfaitement aguerris aux manoeuvres, nous regretterons de ne pas avoir attendu le brave garde côte qui avait juste eu le temps de changer de tenue avec casque blanc, chaussures de sécurité “et tout le tintoin” qui courrait à en perdre haleine sur le quai pour recevoir nos amarres. Tout essouflé, il constatera que Jérémy était déjà sur le quai et jouait du noeud de chaise avec brio.
Les curieux sont arrivés, tranquillement, les uns après les autres. Tous essayaient de parler anglais, fait suffisamment exceptionnel pour être souligné: ils n'avaient pas honte de leur niveau, même faible! Puis de curieux, ils devinrent visiteurs du bateau, à commencer par celui que nous appellerons “le boss” car son blouson qu'il ne quittera guère marquait dans le dos sa silhouette dessinée et la grosse inscription “THE BOSS” suivie de l'adresse d'un café. Ce sexagénaire, ancien enseignant, est accompagné de 3 de ses anciens élèves d'une trentaine d'années. Ils passeront une heure à bord et pour nous souhaiter la bienvenue, nous offrent un assortiment de 3 bouteilles de saké et une autre bouteille de 2 litres de saké également mais contenant des feuilles d'or qui brillent au soleil dans la bouteille. Oki possédait plusieurs mines d'or qui ont rapidement été abandonnées, les rendements n'étant pas ceux escomptés. Ils ont l'air si heureux de nous rencontrer que leur enthousiasme fait grand plaisir à voir. Leur anglais est très mauvais à la limite de l'inexistant mais cela ne nous empêchera pas de communiquer toute la journée du lendemain avec le Boss qui nous promènera avec sa voiture visiter tout le nord de l'île. Il sera accompagné d'un autre ami à lui et son véhicule qui chargera Jérémy. Il n'y a pas réellement grand chose à voir à Oki pour peu que l'on ai déjà un peu trainé ses guêtres auparavant: quelques magnifiques cèdres, de vieux temples shintoïstes, de beaux panoramas sur la mer... Une halte dans un café restaurant à la pointe nord nous fait découvrir les plus grosses huitres que nous n'avions jamais vues: réellement impressionnnantes par leur taille, elles n'étaient pas, à notre surprise générale, aussi laiteuses que nous aurions pu les croire.
A 13 heures, Le Boss se bagarrait encore à nous trouver 4 litres de liquide de refroidissement dont nos moteurs avaient besoin, visitant tous les garages et concessionnaires avec nous. Cela a entrainé une réelle ferveur parmi les différents personnels qui se déchiraient pour nous satisfaire nous conseillant toujours de nouveaux magasins. Surprise! Il nous apprend que nous allons maintenant à son domicile et que sa femme que nous avions déjà rencontré la veille serait honorée de nous inviter à manger. Etre invités chez des japonais: très rare! Nous découvrons ainsi une assez grande maison dans un coin reculé de la petite ville et décorée de façon plus que kitsch: deux portraits de Marylin Monroë sont accrochés au mur; les bibelots et autres mobiliers sont agencés ou plutôt entreposés de façon peu conventionnelle pour nous, européens: en apéro, le boss nous offrira une jolie boite de gâteaux qui lui avait été donnée le jour de son départ à la retraite: sur chaque gâteau, son portrait en tenue traditionnelle et son buste sont imprimés. Nous croquons le boss avec plaisir.... Madame le Boss donnera aux femmes à choisir entre tout un échantillonage de patchworks, sa passion. Raisonnablement, elles prendront trois petits porte monnaies. Il fallu limiter la quantité de riz à emporter, la soeur de madame le Boss étant cultivarice. Puis ce fut le tour du repas commandé à un chinois et livré rapidement. Tous assis en tailleur, monsieur le Boss grignote un peu, madame le Boss ne mange pas et les quatres invités que nous sommes jouons à qui le veut bien des baguettes, dépliant dès que possible nos jambes peu entraînées. Depuis 4 mois que nous sommes en pays asiatiques, le planté-piqué des baguettes dans le riz n'a plus aucun secret pour nous... Retour au bateau et préparation pour la fête qui débute à 16 heures: 2000 danseurs locaux rivaliseront dans un défilé tout à fait bon enfant, défilé plus riche en costumes qu'en niveau de danse. Tout le monde y était: la compagnie d'électricité et ses employés, 2 ou 3 maisons de retraites, un institut d'handicapés mentaux et ses malades, et même une association de travestis (très bien tolérés au Japon); un podium en arrière du défilé où se succèdent quelques chanteuses à la voix trop criarde et stridente pour nos oreilles habituées à des mélodies différentes; un festival de photos toutefois et c'était compter sans le feu d'artifice, magnifique démonstration avec notre catamaran au premier plan tiré durant presque une demie heure au dessus de la petite baie qui abrite le port principal. Ce soir là, nous ferons connaissance de Eddy (nom anglicanisé pour l'occasion), conseiller municipal qui insistera pour que nous rencontrions AKI, sa fille qui, étudiante, a passé 3 ans en Provence. 28 ans, deux enfants, Aki est absolument charmante nous apportant des pizzas faites par elle même et un ananas pour notre départ. Elle nous présentera également son double, sa soeur, mais qui parle, elle, allemand ayant travaillé un peu en Suisse. Nous recevrons certainement un jour en Nouvelle Calédonie AKI.
Toute la journée de notre départ fut une succession de visites à bord, d'échanges de cartes de visites et de remerciements de parts et d'autres: pour eux apparemment notre seule humble présence et pour nous ce fabuleux accueil de la part d'une population unanime devant des étrangers de passage. Tout nous a été offert, de la nourriture à la boisson en passant par une si généreuse amitié que nous partons à 16 heures du soleil humain plein les yeux. Le Boss ne veut pas nous laisser partir comme cela et tient absolument à nous émouvoir jusqu'au bout: déjà prêt à 15h30, sur le quai, il regarde son épouse et sa belle mère préparer sur un guide de bois, les rubans de papier en rouleaux colorés que nous attacherons ensemble à une antenne du bateau. Il réquisitionnera même un promeneur pour s'assurer que tout se déroule bien au sens propre du terme de façon ordonnée. Aki sera de la partie nous criant en courant de grands “au revoir” dans son français très apprécié. Pour leur faire honneur, nous avions revêtu nos “uniformes” de Gwen Ha Du, de magnifiques tee-shirts conçus pour ce genre d'occasion. Ce ne sera que plus tard, bien plus tard que nous couperons nos fils de couleurs qui volaient au dessus de notre sillage, laissant derrière nous une île qui nous aura profondément marquée. En route pour Sado, île réputée très dure pour les navigateurs. Il fait beau, le vent souffle de travers par 20 noeuds et si cela pouvait tenir les 48 heures qui suivent, ce sera ma-gni-fi-que!
Commentaires
1 Marc CAMPENET Le 16/05/2013
C'est un régal de suivre votre aventure, dont l'aspect relationnel semble au moins aussi important que la découverte des paysages magnifiques de ces îles.
Bravo et chapeau!