Seward, le 19 juillet 2013.
Et on se croit prêts... Ah! Je dois bien reconnaitre que j'y ai beaucoup pensé à cette rencontre avec les pirates. J'en ai passé des nuits au mouillage en Papouasie Nouvelle Guinée, aux Philippines, couché en travers de la porte du bateau en serrant contre moi de quoi repousser l'attaque d'au moins deux porte avions...Mais après avoir traversé Taïwan et surtout le Japon durant trois mois sans fermer le bateau tellement le pays est de
confiance, la tension était complètement tombée. Et il a fallu en plus que je sois piraté par un grec!
Je n'ai, en fait, pas eu le loisir de voir physiquement mon agresseur et c'est tant mieux pour lui tellement je suis remonté comme une pendule...
Ah...Il est très fort mon grec puisque après être entré dans ma boite mail, il a adressé un petit mot en mon nom à tous mes contacts leur expliquant que j'avais des soucis d'argent justement en Grèce et que, sans en parler à qui que ce soit, il fallait m'envoyer quelques milliers d'euros...sur son
compte... Pär chance, j'ai été averti aussitôt par ma fille Ambre qui, faisant partie du voyage, possède sur son propre ordinateur une partie desdits contacts. Elle a pu avertir aussitôt ces relations et amis des agissements de ce pîrate informatique, ma boite mail étant bloquée. Si la première lettre est écrite de façon relativement plausible, les quelques camarades qui ont poursuivi les échanges se sont vite confirmés qu'il s'agissait d'un acte malveillant, allant jusqu'à localiser la personne
permettant à un ami avocat de déposer en mon nom une plainte pour
usurpation d'identité. En attendant, pour que le serveur accepte de vous donner un autre mot de passe en conservant votre adresse, n'est pas une mince affaire et j'ai gardé deux jours durant toute la présentation de hotmail en arabe, de la droite vers la gauche étant tout à fait incapable de traduire le mot "langues" pour en changer... Enfin, il semblerait que maintenant, tout soit redevenu en ordre mais je ne le saurai que dans deux jours lorsque nous arriverons à Yakutat, prochain village recevant
internet. En mer, nous fonctionnons par irridium et satellites. Pour terminer, cette petite histoire m'aura au moins permis de "réactiver" de vieux contacts que le temps avait écarté de ma vie active et d'apprécier l'humour de nombre de camarades...humour dont je ne doutais aucunement, qu'ils s'en rassurent !!!!
Entre Devils Cove et Seward, il nous aura fallu deux jours de mer, d'une mer si calme que nous apercevions les baleines et orques à des distances incroyables, avons photographié des danphins à travers une eau d'une limpidité extrême et bronzé... oui bronzé; nous sommes en Alaska et nous apprécions entre 24 et 31 degrés dans le carré! Le soleil tape et retrouver nos crèmes solaires que l'on pensait définitivement rangées après les
périodes de froid intense rencontrées relève pour nous de la magie. Torses nus dehors, on bronze dans le filet avant du catamaran! Et dire qu'en Nouvelle Calédonie, il fait froid en ce moment...
Nous avons fait le bon choix de préférer Seward à Anchorage, la plus grande ville d'Alaska. Notre voyage de trois jours via trois heures de route vers cette capitale de 250 milles âmes ne nous a pas réellement ébloui hormis le musée, parfaite merveille de ce que l'on peut espérer trouver à la découverte des "natives" (esquimaux). appelés aussi "indiens" tout simplement. Finalement, il est assez inattendu pour nous de constater par notre voyage que du nord Japon, Hokkaido jusqu'au fin fond de l'Amérique,
en passant par les aléoutiennes et l'Alaska, les indiens y sont quasiment les mêmes, plus ou moins habillés de façon identique -les épaisseurs variant bien sûr- tout en couleurs, plumes dans les cheveux et totems devant leur habitat. Et quelles magnifiques démonstrations d'adaptations des hommes aux conditions climatiques extrêmes...Seward, en revanche, mérite que nous y restions une semaine. Ville de petite taille, complètement tournée vers la mer et les parcs, lacs et glaciers, elle
attire les touristes, essentiellement américains qui viennent y promener leurs gigantesques camping-cars avec parfois même en remorque, leur voiture occasionnant ainsi des convois d'au moins 20 mètres de long pour seulement un couple de retraités...On ne voit cela qu'en Amérique...Mais ils viennent aussi pour la pêche! ET quelles pêches les amis...du parfaitement incroyable. A Seward, la marina au sein de laquelle nous sommes si bien est
pleine de bateaux moteurs pour la plupart d'une petite dizaine de mètres avec deux moteurs hors bord de 250 chevaux chacun et décorés d'un nombre de canes à pêche que l'on croirait être des guirlandes. Nous en avons compté jusqu'à 37 sur la même petite embarcation. Mais cette marina n'est que la vitrine car en permanence, un flots de bateaux est mis chaque matin à l'eau
par remorques et ressorti en soirée après avoir soutiré de la mer des monstres: le poisson s'appelle ici halibut, est descendu du bateau avec ses congénères, roulé par brouettes à deux roues tellement il est lourd, découpé sur des étals parfaitement aménagés pour l'occasion dans la marina et accroché à une potence prévue à cet effet pour la photo... Nous ne voyons personne rentrer bredouille, les immenses glacières étant toujours
pleines de saumons bien sûr, rockfishs mais surtout de halibuts! La balance devant la potence affiche en permanence 140, 180 livres... par bête! Les filets sont aussitôt découpés, têtes et abats jetés dans une barge semi immergeé qui sera ensuite vidée en mer par les services municipaux. Il y a quatre étals de ce type dans le port et ils ne désemplissent pas! Le halibut, poisson plat par excellence se pêche à l'arrêt, quelle que soit la profondeur à l'aide de gros hameçons plus fermés que les habituels et, comme appâts, des espèces de sardines de 15 cm de long vendues dans n'importe quelle boutique. Et il s'en vend! D'autres y placent des abats de congénères (poissons) ou des leurres en plastique. Il semblerait que le halibut, à la chair par ailleurs excellente, soit si vorace que rien ne l'arrête. Une fois votre gros plomb au fond, vous le relevez de deux tours
de moulinets et vous attendez un peu.. pas trop. Si rien n'a mordu au bout de 10 minutes, changez de coin! Beaucoup de petits bateaux sont équipés de treuils électriques remplaçant ainsi le bon vieux lancer et son moulinet à main. Encore un bon remède à l'obésité américaine...et l'Alaska n'échappe pas à la règle. A l'image de leurs halibuts, les gens sont énormes! D'ailleurs tout est énorme en Amérique: de la part de frites à la voiture en passant par le caddie du super marché sans oublier la croyance en Dieu et leur pays...
Nous sommes le 19 juillet au matin et pour la première fois depuis notre départ en novembre dernier, nous allons descendre vers le sud. Oh! De quelques degrés seulement jusqu'à Yakutat mais ensuite, ce sera direction l'aiguille du bas vers la partie maritime est du Canada. La météo semble acceptable, pas de coups de vent en vue, le bateau est prêt et les provisions à bord. On largue les amarres!
Commentaires
1 TREM Le 13/08/2013
2 aline GUEMAS Le 21/07/2013