Kodiak, le 4 juillet 2013
Aujourd'hui, 4juillet, jour de la fête nationale. Une connaissance locale nous a expliqué qu'exceptionnellement cette année, il n' y aurait pas réellement de fête en ville en raison du manque de crédit: donc pas de feu d'artifice, pas de défilé.... Bref, chacun fêtant ce jour entre amis...Dommage...car nous étions préparés à vivre une superbe journée.
Le temps n'est pas resté au beau fixe et je ne suis plus comme les 3 premiers jours à bricoler torse nu sur le pont du bateau;mais dans l'ensemble, nous n'allons surtout pas nous plaindre, les températures oscillant entre 10 et 24 degrés! Nos tenues vestimentaires en une journée peuvent aller du tee-shirt au trois quart fourré avec capuche. Nous sommes dans un port de pêche plus qu'une marina et nous adorons. Les pêcheurs ont des bateaux de taille réduite et partent pour deux-trois jours, rarement plus, mais reviennent les cales pleines de saumons, morues, halibuts et crabes. De temps à autres, un pêcheur vient nous voir et nous balance un "welcome in Alaska" en nous offrant une nouvelle bête puis s'en retourne aussi vite bosser. Beaucoup d'entre eux viennent de Californie à l'année ou juste pour la saison. Ils sont très jeunes pour la plupart et l'ambiance entre les concurrents reste en apparence très bonne malgré tout. Il faut dire, qu'ici, la mer est très généreuse.
Avant hier, nous nous sommes offert un extra! Départ en hydravion pour une heure de vol aller et poser sur un magnifique lac de l'autre côté de l'île. Survoler les montagnes encore enneigées, les fjords, les vallées sont de grands moments . Serrés dans ce petit monomoteur, le pilote n'est pas tellement locace mais très efficace au pilotage et c'est tant mieux...Arrivés sur la berge, nous entamons une petite ballade d'une demie-heure en descendant une rivière sur un petit chemin escarpé. Nous ne sommes plus très bavards car au bout de 100 mètres, nous enjambons une immense crotte verte et d'apparence juste matinale que notre guide-pilote nous explique être celle d'un ours...la promenade continue et nous arrivons à notre lieu d'observation : juste au dessus d'une splendide cascade et d'une échelle à saumons. De suite, nous les voyons : les ours! A environ 400 mètres, 2 belles bêtes courent dans la rivière et à moins de 100, deux autres se prélassent sur leur rocher. Ils vont rapidement se réveiller pour nous offrir individuellement deux petites heures de show à l'américaine, comme s'il s'agissait d'artistes programmés...Traversées de cascade, courses dans la rivière à la recherche de saumons, escalades diverses, maman remontant en courant la rivière jusqu'à nous, son petit courant sur la berge.... Un vrai régal pour les photographes en herbe que nous sommes, lesdits artistes venant jusqu'à 25 mètres de notre position. Ce sont des plantigrades magnifiques, des ours énormes et bien en chair ayant quitté leur hibernation depuis déjà quelques mois et gavés de saumons. Leur tête est assez plate, les oreilles dressées. Ils ressemblent exactement aux peluches d'enfants...mais avec cette dentition énorme et cette stature si imposante qu'ils règnent en maîtres dans ces paysages fabuleux, l'homme ayant décidé de les laisser tranquilles. Seuls les gros mâles peuvent être chassés avec un guide et cela coûte suffisamment cher pour calmer pas mal de fines gâchettes dont les Etats Unis regorgent. Retour au bercail par les airs et poser sur un autre lac en centre ville pour un accostage devant le bureau des deux frères qui organisent ces excursions. Excellente matinée et nous avons eu beaucoup de chance avec la météo.
Très souvent, nous recevons des visites surprises de curieux locaux, intéressés par ce que nous sommes, ce que nous faisons et notre bateau. La plupart n'ont jamais réellement vu de catamaran et est intéressée par la visite. Tous sont étonnés de découvrir autant de place et confort, persuadés même que l'on ne pouvait pas tenir debout dans les chambres et carré...Quoiqu'il en soit, ils regorgent de conseils sur les futurs endroits où naviguer, les meilleurs mouillages d'Alaska, là où on peut se balader à terre sans trop de risque et d'autres où les ours sont très agressifs...Nous avons tellement d'informations que finalement, nous mélangeons tout et ne retenons pas grand chose! Notre escale touche bientôt à sa fin et sans doute qu'après demain, si la météo le permet, nous allons reprendre la mer, notre bateau étant prêt, moteurs vidangés, filtres changés, pare-brise remplacé, soucis électriques réparés... La mer est dure mais le bateau résiste très bien et nous sommes super heureux de pouvoir prouver qu'un catamaran reste tout à fait adapté à la navigation dans ces eaux à contrario de ce que peuvent penser beaucoup de marins en monocoque. De plus, le carré étant très éclairé et isolé de la mer, nous capturons chaque rayon de soleil qui chauffe assez efficacement l'intérieur. La lumière est telle que nos batteries chargent en quasi permanence via notre immense surface de panneaux solaires et nous offre un confort qui nous évite la trop forte condensation redoutée. Nous ne chauffons pas et notre poêle au kérozène reste rangé. Toutefois, lorsque la pluie perdure, un séchage des cabines s'impose car l'humidité est glaciale! Y réchauffer un lit demande de longs, très longs moments de solitude....
Notre style de navigation va maintenant changer: les grumes à la dérive en mer et les restes de Fukushima sont autant de dangers flottants dans cette région que nous essaierons de ne plus naviguer de nuit et butinerons de petits mouillages en petits mouillages, de fjords en fjords et ce, normalement jusqu'à notre arrivée à Vancouver en septembre. Ainsi nous avons décidé de rallonger notre route et de ne plus couper directement vers l'est vers le continent. Nous longerons donc les côtes au nord vers Valdez et descendrons ensuite à travers les glaciers en faisant bien sûr très attention aux icebergs ou plutôt au "petits" morceaux de glace détachés. Avant de partir, nous avons fait renforcer nos deux proues mais il est sûr que se prendre un mur à 6 noeuds ne devrait pas nous laisser de glace...(si je puis dire...)
En attendant, continuons à profiter de Kodiak et je souhaite une excellente fête nationale à tous les américains qui, d'après l'histoire ne sont américains que parce que la France les a aidé. Lafayette n'a t'il pas été envoyé en Virginie en 1777 pour aider l'Amérique à devenir indépendante?
Commentaires
1 Aline GUEMAS Le 08/07/2013
2 Monique et Jean CROCHARD Le 07/07/2013