Petersburg, le 29 juillet 2013
Durant quatre jours, nous avons subi du brouillard. Cette météo contraste bien de celle dont nous avons pris l'habitude depuis que nous sommes au coeur de l' Alaska. Elle nous rappelle beaucoup le nord Japon et Aléoutiennes. Ne plus avoir de ciel bleu au dessus de la la tête nous manque et la luminosité sur les neiges aux sommets qui nous entourent également. Mais ce matin, c'est fini! le soleil a brutalement repris le dessus et nous filons à travers nos fjords de façon plus que paisible. C'est un réel bonheur que de nous trouver perdus au milieu de ces payasages aussi splendides et tranquilles.
Juneau, nous n'avons pas réellement apprécié: ville surfaite, capitale administrative de l'Alaska mais sans être une vraie ville, plutôt un gros bourg ou la moitié de la population est fonctionnaire et l'autre moitié commerçante: côte à côte, ce ne sont pas moins d'une tentaine de bijouteries qui attendent les milliers de touristes déversés chaque jour par paquebots entiers. Lors de notre arrivée, il y en avait quatre aussi gigantesques que luxueux soit au moins 10 000 personnes soucieuses de ramener en souvenir un bijou d'une des villes qui a connu la ruée vers l'or au débt du siècle. Les mines, il y a bien longtemps qu'elles ont fermé, le blanc ayant été appelé par le chef des "natives" (indigènes" du coin) en 1905 en échange de pas mal de dollards. Inutile de dire que les natives se sont rapidement fait dépasser pour devenir aujourd'hui, comme dans le reste du pays, des alcoolos... De plus très bruyante, une quantité d'hydravions cotoient notre emplacement dans le port, drainant eux aussi leurs flots de touristes (les mêmes) vers les glaciers, lacs ou autres endroits inaccessibles par la route et la mer. Et il a de quoi faire: des glaciers, il y en a partout; quant aux lacs, c'est la même chose! Nous n'y resterons qu'une nuit et bien contents de retrouver notre calme, nous ne quittons plus depuis les baleines... Quand on pense qu'il y a moins de 8 jours, nous nous serions déportés de tas de milles marins pour en approcher une, nous ne bougeons plus mainteant d'un iota notre cap tellement leur nombre est important: il y en a partout. A la croisée de certains courants, nous ne cessons de tourner la tête appelés par leur souffle bruyant; ce ne sont parfois pas moins d'une quarantaine d'individus qui ondulent, souffle, sonde arborant leur magnifique queue à la pointe de leur quarante tonnes. Ces baleines bleues sont actuellement dans les eaux d'Alaska et n'hésitent pas à se taper annuellement 3 000 nautiques, soit plus de 5 000 kms aller et retour jusqu'à Hawaï pour les plus feignantes et encore plus au sud pour les autres afin d'aller mettre bas ou simplement suivre leurs copines. Bref! Maintenant, notre centre d'intérêt n'est plus les baleines mais...les icebergs!
Inutile de vous dire que ce que je pressentais depuis peu s'est rapidement réalisé: à étudier les cartes, je me demandais pourquoi nous n'en avions pas encore rencontré. Il faut analyser que la grande majorité des glaciers ne touche plus directement la mer mais s'y trouve à une centaine de mètres voire plus. Entre les deux, ce sont des alluvions et mini rivières. Ainsi, à la fonte, les glaces cassent mais ne tombent pas à l'eau pour ensuite être charriés par les courants. "Dawes" et "Leconte", eux, ce n'est pas pareil! et hier, nous avons eu la grande surprise de croiser une multitude de blocs de glace bien présents. Il ne s'agit pas de ces montagnes ambulantes que nous avons l'habitude d'admirer à la télévision mais quand même quelques mastodontes de trois-quatre mètres au dessus de l'eau et beaucoup plus étendus que notre catamaran. Cela représente déjà pas mal de glace, surtout qund on analyse qu'en dessous, ll y en a beaucoup plus. Toutes nos paires d'yeux à la proue sauf la mienne car je pilote, nous nous approchons très près malgré tout, quasiment à les toucher mais en faisant attention toutefois car il leur arrive de se briser en plusieurs parties et des morceaux se retourner brutalement. Nous avons été témoins de cette métamorphose et en sommes restés très impressionnés. Nous en étions à moins de 5 mètres... Le bleu de ces icebergs est extrêmement limpide et le soleil qui s'y reflète donne à cette masse d'eau douce des contrastes de couleurs magnifiques. Nous ne remonterons pas les bras de fjords jusqu'à ces glaciers afin d'éviter les dangers bien réels d'en caresser leurs icebergs de trop près. Ceux que nous voyons , c'est une chose mais toucher l'un de ceux qui se balladent entre deux eaux serait pour nous d'un danger terrible. Et nous avons en plus deux coques à surveiller , même si j'en ai, pour cette raison, fait renforcer les pointes avant de partir.
Nous sommes arrivés à Petersburg, adorable petite ville au marnage imposant. Le marnage est la différence de hauteur d'eau entre les marées basses et hautes. 5 mètres plus bas, nous nous frayons une place sur un quai, au pieds de ces gigantesques poteaux de bois qui soutiennent les constructions. Deux sociétés de pêcherie animent l'économie locale. En centre ville, un grand dortoir loge des dizaines de mexicains ou philippins qui, pour certains, ne parlent même pas l'anglais... Un musée-mémorial est dédié aux norvégiens qui apparemment, fondèrent cette ville. La réplique d'un drakkar avec voile est posé au centre de la place et, un peu plus loin, deux immenses totems trônent devant le local des rangers, (gardes forestiers ).
Malgré ces quelques rappels du passé et la vie en apparence sauvage du coin, notre impression est que nous venons malgré tout de quitter le vrai Alaska: à côté de nous, quatre immenses yachts canadiens et américains sont alignés prouvant que le côté quelque peu aventurier que nous avons connu jusque là se terminait. A nous maintenant les voisins d'eau douce pas trop éloignés de leurs villas de Vancouver ou Seattle. Demain, nous appareillerons pour Ketchika, dernière petite ville avant Prince Ruppert, port et porte d'entrée du Canada.
Commentaires
1 Monique et Jean CROCHARD Le 01/08/2013
2 Aline Guémas Le 01/08/2013
3 Aline Guémas Le 01/08/2013