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Carenage et region Cebu - Carmen Bay (1)

Le 02/02/2013

Cela fait près d'un mois que nous vivons sur notre marina-chantier. Dès le premier jour, il nous a fallu nous imposer face à Zeke, le manager, un américain de 65 ans échoué là depuis des années et qui a créé ce lieu aidé de sa nouvelle femme, une philippine du coin. Très fort en gueule, il est chaque matin, 7 jours sur 7, aux alentours des 6h15 à crier à tue-tête à son personnel qu’il est bon de se mettre au boulot de bonne heure… (heureusement qu’il est matinal car comme il est « bourré » dès midi…). Son personnel, justement, une bonne vingtaine de jeunes hommes, extrêmement dociles et compétents, se sont attaqués d’arrache-pied à notre bateau en commençant par un carénage à marées : il s’agit de placer le bateau sur des cales à marée haute et attendre que la mer baisse afin de gratter et repeindre les coques. Ils étaient 14 à s’en occuper dont 7 ont veillé absolument toute la nuit afin de s’assurer de glisser parfaitement en apnée les cales de bois entre le béton du fond et les quilles. Puis la coque a été grattée, sans karcher, en un temps record uniquement au papier de verre avec 28 mains. Nickel en peu de temps ! La nuit suivante, re-apnées pour re-caler le bateau et peinture au rouleau à 7 travailleurs. L’ambiance entre eux est excellente et toujours dans la bonne humeur malgré leur peu de revenus : nous payons un philippin 500 pesos (soit environ 8 euros) …la journée et Zeke en ponctionne la moitié pour lui! Ca fait des petits mois, çà… sauf pour Zeke et sa despote de femme bien sûr !

Ainsi, après 3 jours de carénage sur le slip prévu à cet effet, nous nous sommes installés à une super place dans la marina avec eau et électricité à volonté et une wi-fi malheureusement trop peu performante. Le club house est très sympa et les rencontres intéressantes entre « gens de bateaux » de toutes nationalités. Nous avons formé une petite communauté de français et nous nous recevons peu malgré tout, les bateaux étant en chantier. Toutefois, chaque soir, nous nous retrouvons au superbe club House de la marina et nos échanges sont extrêmement sympas. Ayant rapidement effectué le constat de la compétence des artisans, nous avions confié à deux menuisiers nos planchers de coques : ils étaient trop âgés (les planchers) et nous avions installé une superbe moquette il y a un an en Nouvelle Zélande mais rien de vaut un beau plancher « marquetté » ; le résultat est à couper le souffle : juste à l’aide d’une petite meleuse d’angles et un plateau fabriqué en bois sur lequel ils collent leur papier de verre, ils ont abattu un travail splendide. Un électronicien nous a changé notre poste BLU ; un électro mécanicien a vérifié notre groupe électrogène et changé le thermostat de notre réfrigérateur, un autre a refixé la porte de notre four que je ne parvenais pas à placer… Bref, énormément de travaux « à pas cher » mais de qualité. Nous en sommes très heureux. Chaque lundi, nous versons à Zeke la somme correspondant aux travaux de la semaine passée. Nous devrions donc être prêts pour reprendre la mer comme convenu, le bateau entièrement repeint.

De façon régulière, nous nous rendons à Danao, la ville voisine en « triporteurs ». Il s’agit d’interpeller l’un des centaines d’engins de type sidecars améliorés qui peuvent transporter jusqu’à 8 adultes en même temps : à une moto de 125 cm3 est attelée à sa droite une remorque avec 4 sièges . Sur la moto, le pilote se place contre son guidon et sur le réservoir ainsi que celui qui le suit. Puis en amazone, les deux derniers, les jambes dans le vide. Tout cela se lance dans une circulation intense, se croise on ne sait pas toujours comment à coup de klaxons et queues de poissons. Nous aimons beaucoup ; un trajet d’environ 15-20 minutes pour se rendre à Danao coûte 8 pesos, autant dire rien ; Pour se rendre à Cebu, par contre, à 40 kms environ, mieux vaut emprunter les bus jaunes rapides ou les rouges express (38 pesos) ; la distinction n’est pas assurée en fait par le puissance des moteurs mais seulement par le degré de fougue du chauffeur qui va boucler son trajet en effectuant toutes les « bravades » possibles : doubler sur une ligne continue ne dérange absolument personne et faire monter un passager se fait juste au ralenti mais rarement à l’arrêt sauf si la personne est enceinte ou visiblement très âgée ; il n’est pas rare de voir ainsi de bonne mères de famille, rouges comme des pivoines, courir à côté du bus une assez longue distance en essayant de grimper sur la marche, aidé ou non du crieur : c’est le type adjoint du chauffeur qui est suffisamment équilibriste pour être toujours entre le dehors et le dedans de la porte latérale et qui pousse des hurlements vers l’extérieur à qui veut bien l’entendre pour l’inciter à monter dans son engin.

Un tronçon d’une vingtaine de kilomètres se fera plutôt en jeepney : tout un folklore : merveilleusement peints et décorés, la plupart du temps à la gloire de Jésus, ces grosses jeeps bricolées version camion comportent dans la benne une double rangée de sièges face à face où l’on va se presser, mais toujours avec le sourire, comme des citrons, et payer en confiance au chauffeur en faisant passer les pesos de main en main vers l’avant. Là, idem comme pour les bus, le bolide ralentit seulement, rarement ne s’arrête…

Pour terminer, pour les courtes distances en ville hors taxis, les triporteurs à pédales où le pauvre diable se muscle les mollets en transportant parfois jusqu’à 4 adultes à côté de lui…

Bienvenue aux Philippines où le transport en commun est roi ! La police routière est absolument inexistante et c'est la jungle au sein de laquelle chacun se débrouille. Il en va de même pour les priorités où c'est le plus gros ou le regard le plus décidé qui passe en premier...Le transport privé, quant à lui, est plus souvent assuré en deux roues à moteur de type mobylettes rarement motocyclettes et peu en voiture qui coûte très cher à l’achat. Et pourtant, le litre de gasoil ne vaut que 40 pesos, soit 60 centimes d’euros environ… La plupart des véhicules sont japonais ou coréens et toujours très propres ! Il est impossible pour un philippin de rouler si sa voiture est sale. De la même façon, laver lui-même son véhicule n’est pas d’usage…

A plusieurs reprises, nous nous sommes rendus à Cebu et les grands magasins absolument gigantesques (et pas chers) nous ont réellement beaucoup plus épatés que la ville par elle-même : les constructions ne sont pas érigées avec goût (du moins le nôtre) et les services publiques telles la distribution d’eau prête réellement à sourire : les compteurs d’eau sont empilés sur les trottoirs sans aucune protection et les dizaines de tuyaux d’alimentation partent ensemble dans les ruelles, très souvent non enterrées ; l’alimentation en électricité reste, elle aussi, très pittoresque : suspendus hors sols le long des voies à des poteaux en bois rarement verticaux, les fils sont entrelacés et emmêlés en paquets qui font peur : il en pend très souvent et lorsqu’un tremblement de terre sévit, ce qui arrive relativement souvent, il est courant de tout voir par terre en travers de la route. Et pourtant, les techniciens semblent toujours rester très efficaces et savoir où ils en sont.

Un homme qui se promène en ville accompagné d’une européenne est très original à Cebu… Nous croisons en permanence, surtout dans les grands magasins, comme Ayala ou SM, beaucoup de couples formés d’un bon caucasien, souvent australien ou américain d’un âge déjà bien mûr et sa jeune compagne philippine. Ces relations librement consenties ne semblent prêter à aucun ragot et être « monnaie courante » (sans jeu de mots). Très souvent, ces rencontres se soldent par des réussites durables en couples réellement amoureux. Il reste évident que la famille de la mariée doit certainement voir d’un assez bon œil cette union qui l’aidera financièrement. Le salaire usuel d’une employée de magasin ou d’un vigile qui travaillera 12 heures par jour et bien souvent 7jours/7 avec un jour de repos de temps à autres et peu de vacances est de 8000 pesos mais ponctionné de 1500 pesos par son premier employeur de compagnies. La plupart de ces gens appartiennent d’abord à des compagnies qui les placent ensuite dans les sociétés demanderesses. Il reste donc 6500 pesos au bon bougre ou à la bonne bougresse pour faire son mois soit environ 110 euros… A côté de cela, les patrons se font de véritables fortunes.

Il y a quelques jours, nous sommes rentrés tous les quatre d’une virée hors marinas : les jeunes de trois jours sur l’ile de Bohol, un lieu très touristique où il est possible d’admirer « les montagnes chocolat », une succession de monts qui, vue d’un point encore plus haut, donne l’impression de survoler un gros gâteau et le tarsier, le plus petit primate du monde endémique à cette ile. Les parents à Cebu afin d’effectuer différents achats de tissus pour les coussins, de récupérer les inscriptions adhésives commandées la semaine passée pour le marquage du bateau en remplacement des anciennes…etc. Stupeur au retour : notre annexe, un zodiac et son moteur hors-bord, a disparu de l’arrière du bateau auquel il était attaché… La nuit de sommeil sera courte et nous attendons de pied ferme Zeke qui nous montre qu’il a pu récupérer le zodiac contre une rançon de 5000 pesos mais pas encore le moteur… Les gardes de la marina sauraient qui a effectué le vol mais ne diront rien car ils ont peur de se faire tuer. Aux philippines, tout le monde est d’une courtoisie impressionnante, très catholique, serviable et de bonne humeur mais on tue pour moins de 1000 pesos… Pour le moment, aucune nouvelle des ravisseurs pour le moteur et ce, malgré que l’épouse de Zeke se soit rendue au poste de police de Danao afin d’offrir une récompense plus importante aux policiers ; il semblerait qu'il faille motiver l'administration à arrêter le coupable (ou du moins à récupérer le moteur dont ils « chapeautent » d’ailleurs peut-être la détention…). En attendant, cela ne fait pas notre affaire car nous partons logiquement demain et sans moteur d’annexe, nous serons très pénalisés, en plus du coût important de l’article. Pour clore le tout, on ne trouve pas ce type d’engin aux Philippines : il est nécessaire de commander et cela prend des semaines que nous n’avons pas et à un prix exorbitant. Nous ne nous faisons plus guère d'illusions.

Attention : ce message s'adresse uniquement aux hommes.

Vous avez au minimum la quarantaine, (plus, voire beaucoup plus, cela ne gêne aucunement), vous êtes grisonnants (voire chauve, cela ne gêne aucunement), ventripotent (voire carrément gros, cela ne gêne aucunement), en clair : vous êtes un vieux gros chauve moche, venez plonger dans ce bain de jouvence que sont les Philippines. Promenez-vous , seul, sur cette jolie planète où tant de jeunes femmes vous admirent, vous trouvent sveltes, pas âgés du tout et vous font du gringue à qui mieux mieux. Elles sont pétillantes, toujours extrêmement bien soignées, maquillées et en permanence souriantes. Il est évident de constater l'intérêt que vous portent ces dames lorsque vous n'êtes pas accompagnés...Voir votre agence de voyage la plus proche...

 

Dans ce pays extrêmement catholique, le divorce existe peu et Dieu est partout. Il est représenté dans chaque véhicule, dans les boutiques et administrations, en pendentifs et dans les maisons, voire même sur des lieux de prières spécialement aménagés devant certaines villas. La fête du « sinulog » en est une fervente démonstration. Il s'agit de fêter un Saint « importé » par les espagnols lors de leur colonisation qui débuta à Cebu par Magellan en 1521. Le pauvre y perdit la tête, décapité par Lapu-Lapu, un brave type du coin. Les marins que nous sommes apprécient que cela ne soit pas devenu une coutume...Cette fête du Sinulog bat actuellement son plein et toutes les écoles rivalisent d'efforts pour emporter les concours de danse à travers l'ile de Cebu : Leurs fierté, ferveur et joie de vivre font plaisir à voir. La représentation du saint « à la tête d'ado » est partout et les danses sont à sa gloire, tout cela sous une musique assourdissante très locale. En dehors de ces manifestations, la fête et la bonne humeur apparaissent partout, et ce, malgré des difficultés de vivre voire souvent survivre. Il serait bon que nos valeureux français qui croulent sous les assistances diverses viennent en pélerinage ici et apprécient la vraie valeur du travail. Le Karaoké est plus que répandu et tout le monde le pratique de façon plus ou moins heureuse. Certaines galeries marchandes et grandes surfaces confient souvent le micro à qui le souhaite et cela donne parfois lieu à des vocalises hilarantes pour le touriste. Le philippin, lui, ne se moque pas... Grand respect pour ce peuple de l'ile de Cebu que nous quitterons demain matin si la fenêtre météo nous le permet. Dans deux jours, nous devrions arriver dans la ville de Legazpi sur l'ile principale de Luzon, sur laquelle est bâtie Manille la capitale que nous ne visiterons pas par choix. Nous y préférerons la plongée avec les requins baleines sur la côte est que nous longerons jusqu'à Taïwan. Nous avons lançé par internet notre demande de visas et avons reçu en anglais une première réponse encourageante puisque l'on nous y souhaite un « enjoy trip » mais que l'on nous écrit également que nous nous sommes trompé d'adresse courriels... Nous avons espoir que notre nouvel envoi sera positif. Bah ! De toutes façons, on y va et on verra bien sur place même si avec les chinois, mieux ne vaut pas trop jouer...

 

Arrivee a Cebu

Stationnement devant des bidonvilles

L'une des milliers de barques de pecheurs

Carmen Bay : carenage a maree basse

La main d'oeuvre ne manque pas : pncage uniquement au papier de verre

Nos voisins de gauche

Nos voisins de droite

Pirogue traditionnelle ; double balancier en bambou

Pirogue de l'ile de Bohol

Refection plancher bateau ; aucun serre-joint

Calage des lattes en rajout tres artisanal

Resultat magnifique

Apres poncage complet couche d'apret

Dosage au "pif" dans la barque

Coup de main mecanique de votre serviteur

"Scrap booking" local

Sinulog : objet de tant de  veneration

Concours de danse a Carmen sous le regard de Magellan

Danses hautes en couleur et en acteurs

Fierte et joie se lisent sur les visages

Marche aux legumes

Un nombre infini de varietes de riz

Etal de fruits

Poissons seches... ou non

Transport en bus

En van...

En tricycle a pedales

En jeepney

En tricycle a moteur : notre preference

Commentaires

  • ray

    1 ray Le 08/02/2013

    avec ce récit nous comprenons mieux le reportage photos.
    trés interessant
    bonne navigation .
    bises
  • Paulette Michel

    2 Paulette Michel Le 02/02/2013

    bon courage pour les travaux, dommage, vous êtes "loin"
    on aurait voulu participer, nous le faisons par la pensée... bisous à vous 4.

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