on quitte les Philippines

on quitte les Philippines

Le 18/02/2013

Petite nuit, le Jérôme, et pourtant un vent superbe doté d'un petite houle portante et d'un courant sympa... résultat : nous arrivons très tôt ce matin à Basco, chef lieu de l'îe de Batan, elle-même chef lieu des 14 îles Batanes. Ce groupement d'îles relativement important par sa surface reste méconnu. Il existe bien un aéroport mais quand on parle de « trou du cul du monde », en voilà bien un ! Qui viendrait visiter ces endroits alors que tant de merveilles sont à voir sur le chemin entre Manille et ici ? L'arrivée au port nous fait plus penser à une île bretonne telle Sein ou même Groix par l'ambiance mais nous sommes bien loin de ces îles françaises qui ont connu une forte population et prospérité passée du fait de la pêche, maintenant seulement habitées par des anciens et chercheurs de solitude, sauf en été bien sûr.

Le port reste très petit et en fait n'est occupé que par quelques bateaux de pêche de petite taille qui ne calent pas beaucoup. Leur système d'amarrage (tendu entre la seule digue et la côte) montre la puissance des vents et de la houle dans le coin mais cela procure un tel enchevêtrement de cordage, qu'il est impossible pour nous de nous approcher. A droite, les rochers et à gauche 2 immenses bateaux de commerce échoués là depuis un des cyclones de l'année dernière. Le premier se fait découper pour récupérer la ferraille et l'autre reste en attente d'être sorti de là ...un jour ! Ce ne sera pas pour demain... Donc, aucun endroit de disponible pour un bateau de passage, touriste de surcroît ; alors, nous allons nous installer là où nous risquons le moins de gêner , c'est à dire juste devant et au milieu. En effet, n'ayant plus de moteur à notre annexe, nous devons aussi estimer la distance à la terre car on a beau être costauds... L'ancre tient cette fois -ci et nous voilà à terre. Nous suscitons une grande surprise et sommes accueillis par une centaine de gars du coin, pêcheurs, maçons qui renforcent la digue, dockers qui feront tour à tour sourires et gentillesse pour nous aider à amarrer notre annexe que je finirai par fixer moi même...Les formalités seront assez rapides si l'on excepte le temps des fonctionnaires du « Port Authority » et des « coast-gards » pris pour rien, trop contents d'avoir du monde ! Sur le cahier de mouvements des navires que chaque capitaine doit remplir, le dernier à être passé était un petit bateau de commerce le 28 décembre...

Cet endroit ne ressemble à aucun autre aux Philippines : tout y est extrêmement propre, les maisons alignées, les espaces verts très soignés ; ce qui choque justement, c'est que nous tombons pour la première fois sur une politique de la ville suivie. L'équipe communale devrait recevoir une médaille car il y a près de trois mille habitants quand même ici ! Et comme partout, des enfants, beaucoup d'enfants... Nous passerons deux jours dans le village ne rentrant sur le bateau que pour dormir notre nuit ; Il « pleuviote » de temps à autres et nous avons plus envie de traînasser que de galoper en bus ou motocyclette dans toute l'île. Et pourtant, le phare à l'entrée, les falaises, les vaches à flanc de colline et les vallées couvertes de pâturages nous font vraiment croire à l'Ecosse ou autre pays celtique. Nous admirerons, au cours de ces deux jours à flâner, cette merveilleuse population toujours agréable, ces classes entières qui nous disent bonjour avec le sourire quand on les croise, et cette joie de vivre où tout est prétexte à la fête, à l'éternel karaoké et à la plaisanterie. Nous aimons beaucoup cet endroit, même si nos esprits sont quelque peu préoccupés par un sérieux dilemme : nous nous trouvons aux îles Batanes, l'un des endroits de la planète où les catastrophes naturelles sont les plus souvent répétées au monde entre les typhons, tremblements de terre, coulées de boues ...et simples tempêtes. La météo qui se profile d'après nos dernières nouvelles semble relativement inquiétante. Nous avons actuellement 30 nœuds de face pour remonter au nord. Si le vent passe à l'ouest, ce qui reste très rare mais possible, notre ancre lâchera prise et nous irons directement sur les rochers. Nous avons une fenêtre météo d'environ 40 heures pour un prochain trajet estimé à 36 heures à 6 nœuds de moyenne. Si nous la ratons, nous devrons rester au minimum 6 jours supplémentaires dans ce coin avec toujours le risque de ce fichu vent d'ouest et aucun endroit pour se réfugier... Adieu les Philippines, ce soir, il nous faut partir ! Coucher de l'équipage à 19 heures et appareillage à minuit par une nuit très noire et 30 noeuds qui soufflent toujours. Dès que nous aurons passé la pointe rocheuse, nous devrions danser...

Effectivement, les 8 heures qui ont suivi ont prouvé, une fois de plus, que notre bateau était un très bon bateau... En définitive, le vent n'était pas réellement de face mais plutôt de trois quart avant, ce qui nous a permis un près assez serré et rapide. Toutefois, nous avons dû enjamber certaines zones répertoriées sur la carte par de grosses vagues  et là, quel rodéo ! Il s'agit en fait d'îles sous marines qui se trouvent entre 10 et 20 mètres de fonds mais qui remontent tout autour de fonds de 2 à 3000 mètres ! Imaginons les mouvements d'eau à l'entrée de ce fameux détroit de Formose, là où de plus, les courants tels le Japan stream et autres font la joie ou non des navigateurs... Eh oui, cela dépend dans quel sens on circule... Nous, nous sommes dans le bon sens et, au fil des heures, le vent se calme de 5 nœuds en 5 nœuds tout en s'écartant de plus en plus sur la droite de notre avant et nous finissons par un 15 nœuds au portant avec 3 nœuds de courant.

STOP ! C'est beaucoup trop rapide !!! Eh oui, dans quelques heures, ce sera Taïwan et arriver chez les chinois en pleine nuit, çà ne va pas le faire... On réduit la voilure ; on ne garde que le génois et on arrive quand même trop tôt, mais en tous cas, avant la super tempête prévue par les cartes météos, la fin de notre fenêtre... Partis à minuit, nous avons navigué cette première nuit, puis une journée, puis encore une nuit et nous nous trouvons maintenant à 3 heures du matin avec une moyenne de navigation volontairement réduite à environ 8 nœuds devant le port de HUALIEN, ville taïwanaise de 300 000 habitants et son port gigantesque située à 14 heures sur la pendule géographique de l'ancienne île de Formose (au Nord, nord est). Allez ! On baisse la voile ; on se laisse dériver et on dort... en gardant un oeil ouvert quand même...toujours un oeil ouvert...

arrivée à l'ile de Batan au petit jour

la place centrale très aérée, fleurie et soignée avec goût

enfin un village philippin avec des rues entretenues

 

60: vers le port

échoués lors d'un des cyclones de l'année passés, ils attendent...mais la digue en béton a eu chaud!

Gwen Ha Du au mouillage devant le port

notre dernière image des philippins: tout le monde bosse!!! Ce week-end, tous les hommes du village viennent donner un coup de main à la construction de cette maison.

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