Alotau, nous y sommes. 23 heures de navigation toujours en vent arrière nous ont amené à la capitale de cette province de Milne Bay dont, il est vrai la beauté reste à vous couper le souffle. Du moins, la végétation qui l'entoure parce que la ville par elle même ne casse pas trois pattes à un canard, loin de là. Heureusement noyée dans une forêt luxuriante, cette petite bourgade de quelques petits milliers d'habitants reste un aggloméra de maisons en tôles et magasins en dur. Tournée vers la mer, une trentaine de bateaux de pêcheurs et de navettes vers les 600 iles avoisinantes s'entassent dans un port sale mais riche en couleurs. Le long de ce dernier, trois cents petits vendeurs de broutilles allant du stylo à la noix de bétel, sont alignés afin de gagner quelques sous. un peu plus loin, mais toujours devant la mer et là où nous avons choisi de mouiller Gwen Ha Du, une station essence, une agence de voyage et office du tourisme, puis des magasins qui se touchent alimentant en produits pour la plupart australiens cette nation peu argentée. Il faut dire que cette ville est enclavée par les montagnes si infranchissables que les routes n'y existent pas et qu'il est impossible d'en sortir en voiture. C'est d'ailleurs le cas pour les autres cités, telles Leu, Madang ou la capitale, Port Moresby. Dans cette dernière d'ailleurs, le taux de criminalité est un des plus hauts au monde et il demeure extrêmement risqué de sortir de chez soi sans un garde du corps... quand ce n'est pas lui qui vous agresse...(sic).
Alauto est beaucoup plus calme. Les gens demeurent d'une rare gentillesse, se laissent photographier sans soucis et sont très souriants avec leurs dents souvent d'une rougeur à faire peur en raison du mâchage du bétel qu'ils crachent allègrement sur ce qui leur sert de chaussée laissant de ci de là des oeuvres d'art très figuratives au sol.
Aussitôt notre arrivée vendredi midi, Mireille et moi avons rebondi dans notre zodiac après avoir hissé le pavillon jaune dans la mâture sollicitant la visite des douanes. Cette manoeuvre est réglementaire à l'arrivée dans chaque nouveau pays. Logiquement, nous n'avions pas le droit de faire notre premier arrêt à Duchateau Island sans l'autorisation que nous allons chercher maintenant. Idem, nous devrions attendre sagement à bord la visite des douanes mais çà aussi, nous allons nous en passer. Et puis nous n'avons pas très envie que des fonctionnaires réputés parfois un peu trop zélés au backchich nous ponctionnent de taxes pour tels et tels produits importés. Rien qu'aux litres de pinard que contiennent nos soutes pour 10 mois, ils auraient de quoi assurer leur prochain semestre... Nous marchons un peu, puis beaucoup pour trouver ce bureau au premier étage d'un complexe aussi commercial qu'administratif et sommes accueillis par une femme charmante qui nous fait remplir moults documents réglementaires: concernant le bateau d'abord, puis Mireille entame de remplir les fiches de l'équipage que je signe allègrement en leur nom devant la dame officier sans que cela ne paraissent la gêner le moins du monde. Elle nous annonce un prix de droit d'entrée au pays de 20 kinas (700 cfp ou 6 euros) par personne et 40 pour le capitaine...tout cela se faisant à la gueule du client bien sûr mais contre un reçu magnifique. Nous nous rendons donc à la banque où la queue aux 3 distributeurs est phénoménale puis revenons pour obtenir notre droit d'entrée et visas sur nos passeports avec une facilité déconcertante.
Visite de la ville et l'estomac de viandard qui me supporte sollicite de goûter aux steaks papous. Ce soir, et pour notre plaisir à tous les quatre, nous nous rendrons donc en zodiac au superbe restaurant dont la jetée se dresse devant nous. Trois vigiles pour nous tenir notre cordage et pour tenter d'empêcher nos élégantes compagnes de se vautrer sur la rampe de mise à l'eau plus que glissante avec leurs chaussures et jupes étriquées. Le bon habit est de mise et toute claquette ou short interdits. Nous serons les seuls convives de la soirée... lâcher 4 bons marins dans un buffet barbecue "no limit" doit relever de l'inconscience du management de l'établissement mais il fallait y penser avant...
Ce samedi, nous faisons nos achats. La visite du marché reste un moment fort entre les poissons séchés et les légumes locaux dont beaucoup ne surprendront pas les calédoniens que nous sommes (tarots, ignames...etc). Les grandes surfaces contiennent des produits australiens que nous connaissons bien aussi. Les connaisseurs apprécieronts le" meedow le" et le "SAO"... Ma préférence reste les hardwares locaux (magasins de bricolage) où rien n'est cher. Ainsi, j'achèterai des bidons d'huile SAE 90 destinés au guindeau du bateau pour 2.50 eurs/500 ml , deux magnifiques sabres d'abattis pour 6 euros au total et...tant pis, je craque: adieu la bonne résolution des premiers jours, une machine à laver le linge spéciale bateau ou pays pauvres... (120 euros) et une glacière 12 volts (110 euros). Le thermostat de notre frigidaire vient de lâcher et nous jonglons avec le froid du congélateur depuis plusieurs jours ... Vous devriez voir "la gueule" du beurre...
Huit bidons de 23 litres de gas oil à promener sur les deux cents mètres de distance entre la station et le zodiac, tout cela en claquettes dans les flaques de boue ont eu raison de nos derniers soupçons d'élégance vestimentaire.
Internet... Tout un programme. Depuis notre départ, nous n'avons pas d'adresse à bord via notre téléphone satellite irridium et cela reste très frustrant de ne pas recevoir de courrier ni d'en envoyer. Certes, quelques amis nous gratifient de messages par sms qui nous font un plaisir immense ( à propos, n'hésitez toujours pas à en abuser...) mais cela n'équivaut pas à une vraie prose et il nous est impossible d'être autonomes pour recevoir la météo. Heureusement, notre routeur et ami ne se trompe pour le moment pas, en tous cas demeure plus que compétent... ou chanceux. Un grand merci à lui. Nous venons de trouver une espèce de cyber café et nous y engouffrons (il y a la clim!); nous y sommes restés 3 heures dont 1h30 à essayer de connecter notre ordinateur aidée de la préposée pour nous rendre compte que c'était la boite "tilikom" (çà ne s'invente pas...) même qui n'était plus connectée. -Cool... c'est les vacances...- Jade et Jonathane -nos deux excellents informaticiens du bord- ont ainsi réussi à capturer les infos suffisantes sur la toile et remettre en fonction une adresse! Nous avons donc l'immense privilège d'annoncer à ceux qui aurons réussi à me lire jusque là, que notre adresse internet à bord est dorénavant: troyat@skyfile.com Attention, nous ne pouvons pas recevoir de pièces jointes et sommes déjà impatients de vous lire... Demain lundi, nous essaierons juste avant notre départ de télécharger le site météo (grib). Rien n'est encore joué car le débit est tellement capricieux ici...
Ce matin, dimanche, nous savons que tous les papous sont à la messe et pourtant nous en avons réquisitionné deux de l'agence de voyage pour un trip en voiture qui doit durer trois heures. Rendez vous à 9 heures, notre chauffeur nous ayant confirmé hier qu'il sera là à "quater to nine"... En fait, ce fut "quater to ten"... -(cool...c'est les vacances...- et le guide a bien eu du mal à nous tenir le crachoir dans son bureau, en anglais heureusement, jusque là. Une véritable escroquerie que ce tour fort cher d'ailleurs mais nous le pressentions... 2 kms de "pistouille" (route locale) pour nous amèner devant 3 petits morceaux de ferraille plantés dans la mer à moins de 1.50m du bord représentant les restes d'un immense ponton construit par les japonais en 1942 (çà, ce sera tout pour la présence japonaise durant la seconde guerre mondiale tout cela empreint d'une fieté comme quoi Alotau aurait été le premier endroit libéré du pacifique...) Traversée de la zone artisanale où il nous a fallu entendre que telle ou telle petite cabane en tôle alimentait tout le pacifique en matériaux de fibres ou telle autre le Japon, notamment la société Yamaha... Pour finir, en passant par le quartier résidentiel (toujours des cabanes en tôles), nous avons visité une tribu: en clair une charmante dame de brousse nous a reçu devant chez elle et offert une collation que j'ai dû honorer avec le sourire en buvant discrètement le verre de Jade; ses yeux me parlaient:" s'il te plait, papa, évite moi la tourista..." Nous verrons bien cela ce soir... de mon côté, je veux dire...surtout que mes expériences n'en sont pas restées là: j'ai tenu à goûter le fameux bétel et, dix minutes après, j'avais craché rouge partout , autant dans la barbe que je laisse pousser qu'au sol; ma bouche moussait plus que je ne le voulais et je me ramassais une suée du tonnerre ainsi qu'un mal de tronche. Bravo, le bétel! Le "cérémonial" est en fait fort simple: vous arrachez avec les dents (solides dents) l'écorce de la noix grosse comme une demie balle de golf et croquez la fève qui provoque une salivation intense. Vous trempez un haricot de poivre ( dans un petit sachet de corail blanc pilé) et vous le croquez morceau par morceau pour mélanger cette nouvelle mixture à la pâte qui gonfle dans votre bouche... Le mieux est de ne pas avaler... J'ai avalé... Bon...je ne pense pas pouvoir placer encore la moindre photo sur ce récit en raison du peu de débit de l'internet papou mais ce n'est que partie remise. Nos appareils crépitent de partout et notre collection d'images demeure déjà impressionnante!
Ce soir, nous mangerons du poulet à bord que Mireille prépare actuellement après avoir essoré ses deux machines de linge avec bonheur... Demain matin, après nos formalités de douanes, nous appareillerons et filerons durant 3 grosses journées sur la ville de Madang au nord. Le vent reste stable pour le moment, toujours du sud est qui nous ravit. Les averses sont, elles aussi, omni-présentes mais cela nous rafraichit tellement que c'est un bonheur de se faire doucher...surtout la commis aux vivres et le bosco, la timonier et la Capitaine supportant beaucoup mieux qu'eux cette chaleur lourde. Enfin, on verra cela ce soir si la tourista vient frapper à ma porte...
Commentaires
1 Marc Le 22/12/2012
Ma tête tourne dans le sens des aiguilles d'une montre,
La faute à Gwen ha Du qui arrive à Palau,
La faute à Kauana à l'approche de Baja,
Et la faute à Ekolo'kat momentanément en panne à Aitutaki.
Merci Jérôme et Mimi, merci Rémi et Hélène, merci Nico et Céline
Merci à tous et joyeux Noël.
Marc'n Co
2 Aline Le 18/12/2012
3 raymonde Le 17/12/2012
ray
4 Ambre Le 11/12/2012
5 Aline Le 10/12/2012